18/11/2024
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Par Jennifer Tremblay. Pauline Trudel, une grand-maman décédée en 2021, est le personnage principal d’une œuvre théâtrale bouleversante : Je viendrai moins souvent. Pendant les quatre années où elle a visité Pauline, sa petite-fille, la comédienne Camille Paré-Poirier, a enregistré ses conversations avec elle. Des heures et des heures d’échanges affectueux, de confidences émouvantes.
Aussi, pandémie oblige, des appels téléphoniques troublants. « Si elle avait su que j’avais cette idée en tête de parler d’elle sur scène, grand-maman m’aurait dit : “Ça va pas intéresser les gens !” Finalement, je pense qu'elle rirait beaucoup ! »
Le projet de Camille était d’abord et avant tout théâtral : elle avait l’intention d’écrire une fiction inspirée de ses archives sonores. Mais les archives en elles-mêmes se sont imposées comme la matière première de ce qui allait devenir un projet déployé en deux créations. D’abord, le balado intitulé Quelqu’une d’immortelle, a été produit et rendu disponible sur la plateforme OHdio (Radio-Canada). Puis, la production scénique a pris forme.
Camille Paré-Poirier explique que le spectacle lui permet, et ce n’est pas anodin, de commenter le balado et ses propres archives. « On n’a pas besoin d’avoir écouté le balado pour voir le spectacle ! Chacune des formes est indépendante. »
Le spectacle m’a obligée à me vulnérabiliser davantage, à explorer les zones d’ombre de ma situation de proche aidante. À un moment, c’est devenu difficile d’aller voir Pauline. Je ne parle pas de ça dans le balado. » (À noter que le texte de la pièce, publié par L’instant même, est disponible en librairie.)
Il faut voir dans ce spectacle le témoignage d’une jeune proche aidante : « Elle vit une solitude importante. La famille se répartit les heures de visite, chaque membre rend visite en solitaire à la personne qui a besoin de soins. » L’artiste veut non seulement faire exister la personne qui aide mais aussi délier les langues autour d’un sujet tabou : le vieillissement.
Je viendrai moins souvent est-il davantage un documentaire ou une œuvre d’autofiction ? « C’est vraiment les deux en même temps. Le spectacle implique des archives, des faits réels, qui en sont le matériau de base, donc en ce sens, c’est un documentaire. Mais il y a une subjectivité qui entre en ligne de compte parce que j’ai sélectionné des passages, j’ai organisé ces éléments pour en faire un objet artistique. »
Le spectacle provoque des échanges, des discussions, des confidences : « Perdre un grand-parent ou un parent, c’est dans l’ordre des choses. Alors, on se sent obligé de balayer notre deuil sous le tapis. Le spectacle donne l’occasion de parler de cette étape de la vie. » Camille Paré-Poirier raconte qu’à la fin d’une représentation, une personne du public a déclaré : « On invite beaucoup de monde dans la salle, ce soir… » en parlant des proches disparus auxquels chacun pense, inévitablement, tout au long de la pièce.
Est-il difficile, voire douloureux, de replonger soir après soir dans cette expérience ? Dans ce deuil qui l’a beaucoup marquée ? « Oui et non, répond Camille. J’ai l’impression de passer une soirée avec ma grand-mère ! » Ce qui visiblement lui plait bien. « Elle ne saura jamais à quel point elle est populaire ! » ajoute-t-elle en riant. Faut-il en conclure que son rapport au projet a évolué ? Camille se sent de plus en plus libre sur le plateau : « Maintenant qu’on a éprouvé le texte, je peux me concentrer sur mon travail de comédienne. »
De ce projet qu’elle porte depuis des années, Camille Paré-Poirier est très fière, et avec raison. « Le spectacle est d’abord un objet artistique. Toute l’équipe a travaillé fort, dans un réel souci du détail. La conception sonore de Marie-Frédérique Gravel, qui est avec moi sur scène, est extraordinaire. Tout est extrêmement précis. » Le metteur en scène Nicolas Michon a donné un rythme au spectacle qui lui convient parfaitement : « C’est très vivant ! On passe sans cesse d’une émotion à l’autre. Le public est désarçonné. »
Que la comédienne accumule des archives de la tournée de Je viendrai moins souvent, on ne s’étonnera pas. Elle continue d’enregistrer des conversations, à prendre des photos : « Les archives, c’est cru. C’est la vérité toute nue. » Et le spectacle, ce sont nos expériences partagées.
Camille Paré-Poirier
1er février 2025 à 20 h
Salle Emma-Albani
Pôle culturel de Chambly
30, boulevard du Séminaire N.,
Saint-Jean-sur-Richelieu, QC
J3B 5J4
Du lundi au samedi de 10 h à 18 h.