Par Marie-Pier Gagnon. Après un premier spectacle acclamé ici et en Europe, Arleen Thibault remonte sur scène pour nous raconter Fille de laitier. Une production où l’imaginaire collectif alimente de réelles anecdotes tirées de sa vie personnelle et peut-être même… de la vôtre !

Originaire de Québec, Arleen Thibault a grandi au sein d’une famille de laitiers. Oui, c’est elle la vraie fille du laitier ! Inspirée par des anecdotes de son enfance, mais aussi et surtout par une multitude d’histoires recueillies dans le cadre d’une démarche de collectage d’information, elle présente Fille de laitier.

Décrit comme un bijou narratif par Le Monde, ce conte nous transporte dans l’histoire de Lucien, un personnage fictif que l’on découvre le jour où il reçoit son premier camion de lait pour ensuite le laisser partir au moment où il quitte la profession. Entre les deux, des tonnes d’histoires, un peu de folklore et une bonne dose de sourires.

Devenir conteuse

On ressent bien la fierté qui anime la conteuse lorsqu’elle nous explique l’essence de son projet. Un travail de création en continu qu’elle peaufine après chaque représentation et pour lequel elle multiplie les chapeaux, dont ceux d’autrice, d’interprète et de metteure en scène. « On est un milieu qui voyage léger », justifie-t-elle.

Mais avant d’en arriver là, on se plait à faire un retour en arrière avec elle, à découvrir cette artiste qui décrit son approche comme celle du « conteur barbu ». Rien ne prédestinait la petite Arleen du quartier Sainte-Foy à devenir conteuse, sauf peut-être son amour de la musique traditionnelle né à coup de réveillons animés.

Pour ne rien gaspiller de cette passion, ses parents l’ont inscrite à des cours de danse folklorique. Pendant dix ans, elle a rythmé ses pas aux sons de mélodies d’autrefois d’ici et d’ailleurs. Et c’est comme ça, tranquillement, qu’elle a été initiée à l’univers du conte il y a une vingtaine d’années.

Depuis, son identité artistique s’est forgée sur scène. Elle a bien sûr été influencée par la musique. « Le travail avec les musiciens m’a toujours portée », confie-t-elle. C’est d’ailleurs le cas avec Fille de laitier, production pour laquelle vous aurez l’occasion d’apprécier le talent de son complice Robin Servant qui n’hésite pas à improviser pour s’adapter à l’énergie du récit en temps réel.

La finesse de ses textes, presque une poésie, lui vient de ses études en littérature. Elle aime sentir que ses contes, qui stimulent l’imaginaire de chacun, apportent aussi un sens de profondeur. Son écriture est originale, rythmée, remplie d’humour. Accessible. Et elle adore qu’elle puisse stimuler les échanges intergénérationnels.

Une bulle… avec vous !

Tout ça, c’est ce que l’artiste se propose de partager avec vous lors de son passage au Pôle culturel de Chambly alors qu’elle sera à mi-parcours de sa tournée québécoise. Et le conte, assure-t-elle, ne perd rien de sa magie lorsque présenté en salle devant quelques centaines de spectateurs. Au contraire même. C’est une bulle précieuse qui permet de mettre sur pause le monde extérieur et d’ouvrir son imaginaire.

« C’est dans le jeu du conteur, de l’éclairage, de la présence sur scène que la magie du conte opère », souligne-t-elle. Elle a d’ailleurs eu l’occasion de présenter ce texte en France où la réception a été très bonne. Ce petit côté exotique du laitier a rapidement séduit. « C’est un personnage qui les fait rêver parce qu’ils n’ont pas connu ça. »

Et ils ne sont pas les seuls. Comme on le mentionnait précédemment, le public fait partie intégrante de la démarche de l’artiste qui est allée à la rencontre de nombreux Québécois et Québécoises pour entendre leurs histoires. Son père, qui a été laitier pendant 35 ans, a même accepté d’accorder une entrevue sur les ondes de Radio-Canada et les réactions ont été nombreuses au point de surprendre toute la famille.

« C’est étonnant de voir à quel point la profession de laitier parle à l’imaginaire collectif. » Si vous avez vous aussi des histoires à raconter sur le sujet, laissez-vous aller. Arleen Thibault sera toujours heureuse de vous laisser conter vos histoires.

Conte. Texte, interprétation et mise en scène : Arleen Thibault. Musique et conception sonore : Robin Servant. Production : Arleen Thibault et Cynthia Southière. Durée : 1 h 15, sans entracte.

Photo Dylan Page