Par Marie-Pier Gagnon. C’est tout un univers qui s’est ouvert à Anne Lalancette lorsqu’elle a découvert le théâtre de marionnettes. Un art qui lui a depuis fait traverser de nombreuses frontières et qui la transportera, en avril, chez nous pour une représentation du succès critique et populaire Racontars arctiques.

Racontars arctiques, c’est d’abord une histoire qui invite le public à découvrir la réalité, saupoudrée de fiction par moment, des chasseurs-trappeurs vivant dans le Groenland à l’aube des années 1950. C’est la beauté de vastes paysages mélangée à la camaraderie d’étrangers réunis par des histoires rocambolesques. C’est une histoire de liberté, d’aventures. D’humanité.

En somme, c’est un monde en apparence inaccessible auquel nous avons le privilège d’accéder grâce aux talents de trois marionnettistes, Jérémie Desbiens, Jean-François Beauvais et bien sûr Anne Lalancette. Ces derniers donnent vie à des personnages créés par l’auteur danois Jørn Riel, aujourd’hui décédé, dont l’œuvre est l’inspiration de cette production.

Cette proposition artistique a reçu de nombreux éloges depuis sa création il y a quatre ans. À commencer par l’auteur qui a donné son aval à la production, depuis présentée dans plusieurs pays européens et même au Mexique. L’imagination de ces grandes contrées sauvages couvertes de neige a d’ailleurs suscité beaucoup de réactions auprès de ce public.

Marionnettes sur table

Mais qu’est-ce que du théâtre de marionnettes ? À qui s’adresse-t-on ? Pour Anne Lalancette, Racontars arctiques est une production qui rejoint autant les adolescents que les adultes. À ses yeux, lorsque ces deux générations se mélangent, on obtient le plus beau des publics.

La forme proposée, soit des marionnettes sur table, fait beaucoup de place au talent des artistes sur scène. Les marionnettistes sont à vue, interviennent par moment, prêtent leur visage aux personnages à d’autres instants. On retrouve donc plusieurs niveaux de jeu. Pour compléter l’ambiance, s’ajoute sur scène Alexandre Harvey, bruiteur et musicien. Bref, c’est un monde à découvrir !

De Vin Diesel à Passe-Partout

Parlant de monde à découvrir, Anne Lalancette elle-même ne s’attendait pas à ce que l’univers des marionnettes lui offre autant lorsqu’elle a fait le choix de cette direction artistique au début de sa carrière. Depuis, les occasions les plus surprenantes se sont succédé au fil de son parcours. Comme cette fois où elle a reçu un appel de Los Angeles lui demandant de venir travailler sur une production mettant en vedette le héros de film d’action Vin Diesel.

Ou encore ce jour où elle a pu manipuler une marionnette de 34 pieds de hauteur. Ou cette autre fois où elle a décroché le contrat pour être marionnettiste sur le plateau d’une émission culte québécoise, Passe-Partout. « Souvent dans ma carrière, j’ai été surprise. La marionnette, c’est tellement vaste ! Et c’est aussi pour ça que je suis encore tellement passionnée par mon métier », confie-t-elle.

Tomber en amour

La création de Racontars arctiques par le collectif créatif La ruée vers l’art qu’elle a créé il y a bientôt dix ans avec Alexandre Harvey fait partie de ces belles aventures. Sans même le savoir, son complice de longue date et elle-même ont découvert l’œuvre de Jørn Riel simultanément. En fait, ils ne l’ont pas que découverte. Ils en sont tombés amoureux au même moment, entre autres en raison de l’humour qui s’en dégageait.

C’est une fierté pour eux de voir que depuis la première en 2021 l’accueil du public reflète leur propre réaction. D’ailleurs, en Europe, l’œuvre de l’auteur danois est bien connue et suscite beaucoup d’enthousiasme. C’est néanmoins la première fois qu’elle est adaptée sur scène. Un immense bonheur pour la famille de l’auteur qui se réjouit de voir que les histoires de leur père, et surtout des hommes qui lui ont servi d’inspiration, se perpétuent dans l’imaginaire collectif.

Théâtre d’objets. Texte : Jørn Riel. Traduction française : Susanne Juul, Bernard Saint-Bonnet. Adaptation : Anne Lalancette, en collaboration avec Francis Monty, Jérémie Desbiens, Simon Landry-Désy et Alexandre Harvey. Mise en scène : Anne Lalancette et Francis Monty, en collaboration avec Jérémie Desbiens, Simon Landry-Désy et Alexandre Harvey. Interprétation : Jérémie Desbiens, Jean-François Beauvais et Anne Lalancette. Musique et bruitage : Alexandre Harvey. Production : La ruée vers l’or, en collaboration avec la compagnie La Pire Espèce. Durée : 1 h 30, sans entracte

Photo Mads Madsen