Par Véronique Daudelin. Après avoir remporté les Francouvertes en 2020 et lancé deux albums originaux, Valence parcourra le Québec en février avec sa musique indie-pop raffinée.

Valence, de son vrai nom Vincent Dufour, a commencé à apprendre la guitare en cinquième année du primaire. Dès qu'il a connu quatre ou cinq accords, il s'est mis à composer des chansons. « Je n'avais pas d'ambition d'interprète, d'ambition technique. La musique a avant tout été un canal d'expression pour pouvoir créer », explique l'artiste originaire de Québec. C’est après des études universitaires en graphisme et multimédias qu'il a finalement lancé son projet d'auteur-compositeur-interprète sous le nom de Valence, depuis couronné de succès.

En 2020, les Francouvertes lui a apporté de multiples opportunités. Ce concours — qui existe depuis 30 ans et qui a servi de tremplin à des formations comme Les Cowboys fringants, Loco Locass et Karkwa — a révélé Valence à l'industrie musicale, et ce, en pleine pandémie. « Ça m'a donné un moment de lumière, un moment d'attention, dans une période d'inertie pour tout le monde », reconnait-il. Il s'est mis à faire des spectacles et à rencontrer le public, puis il a signé avec la maison Chivi Chivi et les sorties de disque n'ont pas tardé.

D’abord Pêle-mêle en 2021, album introspectif et intime, à l'ambiance nostalgique. Puis, en février 2024, La nuit s'achève qui offre des textes poétiques sur le thème de la rupture amoureuse. Ce dernier lui a donné l'impression de davantage trouver sa voix, son ton, ses couleurs. Il y a dans cette étape de parcours quelque chose de plus assumé. « Pour le premier album, j'avais une espèce d'obsession de contrôle sur tout ce qui se passait. Je pense que ça vient avec la technologie, avec le fait de pouvoir tout peaufiner après la prise de son. Pour le deuxième album, il y avait un genre de laisser-aller, une confiance dans le moment d'enregistrement. »

Valence écoute beaucoup de musique et se laisse inspirer par des créateurs et des interprètes de différents styles, notamment Prince. « Ça ne se sent pas dans ma musique, mais son énergie créatrice m'inspire. » Il y a aussi Chuck Baker qu'il écoute souvent. Et côté interprétation, il apprécie particulièrement Serge Reggiani.

Alors que la composition musicale est souvent spontanée pour Valence, il en va autrement des textes qu'il peut mettre des mois à peaufiner. « J'essaie de me nourrir de cinéma, de lire et de piger dans des œuvres. Quand il y a des phrases qui viennent me chercher, j'essaie d'écrire à partir de ça. » Les relations humaines, les failles, les vulnérabilités, les défauts… Valence a un penchant pour ce qui est fondamentalement humain. « Un truc qui m'inspire beaucoup, c'est l'idée qu'on se rassemble par nos failles, par ce qui est le plus laid en nous. J'essaie d'écrire beaucoup là-dessus. »

Le spectacle présenté au 164 comprend non seulement des chansons de ses deux albums, mais aussi des reprises instrumentales de ses compositions, qu’il ramène à leur essence. Il sera accompagné de quatre musiciens, dont trois multi-instrumentistes. À un moment, trois saxophones jouent en même temps, en harmonie. C'est un genre de moment qu'aime Valence, pour qui les spectacles sont en quelque sorte une communion. « Pour moi, c'est un des derniers rituels qu'on a. Une salle pleine, ç’a un effet différent sur le spectateur qu'une salle de dix spectateurs. […] Et tout ça, ce sont toutes des expériences qui sont touchantes, qui ont toutes le potentiel de nous faire vivre quelque chose de plus grand que d'écouter un disque chez soi. »

Valence se dit « affamé de spectacles » et cela peut nous faire sourire lorsqu'on sait que, plus jeune, il s'était surtout projeté comme compositeur et non comme interprète. La rencontre avec le public, manifestement, le nourrit énormément. « Dans la performance scénique, il y a une instantanéité. Il y a quelque chose de vrai. »

Photo Elizabeth Landry