Par Yves Mallette. Personne n’associerait les qualificatifs bête et méchant à Stéphane Fallu. À la limite, « bête » peut se comprendre si on fait le lien avec l’émission Refuge animal qu’il a animée pendant huit ans. Mais méchant ? Un peu, faut-il croire. C’est du moins ce qu’il laisse entendre dans son quatrième spectacle solo intitulé Assumé.

« Tout le monde me connait comme le gars gentil. Dans ce spectacle, j’ai décidé de montrer mon côté un peu plus insolent et cynique. C’est toujours du stand-up, mais avec plus d’opinions et moins de compromis. Sans aller dans la provocation, je suis juste plus arrogant que d’habitude. Bref, je suis plus baveux et je l’assume. »

L’humoriste chamblyen met en évidence l’aspect un peu plus malicieux de sa personnalité en abordant des sujets comme la vieillesse, la santé mentale, ses peurs, dont celle d’aller chez le dentiste. M. Fallu parle aussi des activités pratiquées en famille, de toutes les valeurs qui ont changé et celles auxquelles il faut s’adapter. « Je suis rendu un peu plus vieux et je parle de ma santé mentale. J’essaie de voir si je vais bien. C’est bizarre à dire, mais ça me fait vraiment rire d’exprimer mes idées à ce sujet. Je parle aussi de la vieillesse, mais pas avec tous les clichés qu’on entend souvent à ce propos. En somme, je touche à plusieurs petits sujets très actuels. »

Les thèmes sont sérieux, mais Stéphane Fallu les traite avec beaucoup d’humour. Il n’aime pas qu’on lui fasse la morale, alors il ne donne de leçons à personne. Ce qui ne l’empêche pas de passer son message, lui qui trouve que les gens sont stressés et anxieux.

« Moi-même, à 55 ans, je constate que toute ma vie j’ai essayé d’être quelqu’un que je n’étais pas. Ça ne vaut pas la peine. Il faut juste assumer qui on est dans la vie. Je tente de faire comprendre au monde de ne pas essayer d’être parfait, car c’est un bon moyen d’être malheureux. Nous ne sommes pas obligés d’être parfaits pour réussir », proclame-t-il.

Pour Stéphane Fallu, assister à un spectacle d’humour c’est plus que s’asseoir passivement et écouter un comique. Il voit son spectacle comme un évènement où il incite les gens à vaincre leur gêne, à sortir de leur bulle.

Cette vision des choses explique pourquoi l’humoriste raffole interagir avec le public : « Je crée beaucoup de liens avec l’assistance. Je m’adresse directement aux gens en leur posant des questions, mais rien de banal. Ce sont des questions qui me permettent d’aborder des sujets comme l’amour de son travail ou la fidélité dans son couple. C’est drôle de demander à une dame de 70 ans qui est en couple depuis 38 ans si elle a déjà vécu d’autres aventures. J’aime parler des dilemmes que nous vivons souvent. Au début, les gens sont gênés. Après, ils s’ouvrent et c’est alors que survient presque toujours une perle inattendue. »

Logique avec son concept d’évènement, Stéphane Fallu aime dire qu’il présente un spectacle de stand-up et de variétés. Il propose en effet plusieurs courts numéros ponctués d’un peu de musique et d’impro.

En rodage, les réactions des personnes qui assistent à son spectacle lui indiquent qu’il est sur la bonne voie. Plusieurs lui écrivent pour lui dire qu’ils ont bien ri et que ça leur a fait du bien. M. Fallu affirme que c’est la première fois que les gens lui reparlent autant de ses numéros. C’est ce qui lui prouve qu’ils aiment son quatrième solo en 30 ans de carrière.

Depuis sa diplomation de l’École nationale de l’humour en 1994, soulignons que Stéphane Fallu a fait partie de nombreux groupes d'artistes, participé à plusieurs festivals et galas d’humour, développé une carrière importante à la radio et à la télévision… en plus d’écrire un livre. On comprend mieux pourquoi Assumé est seulement son quatrième spectacle solo.

L’artiste polyvalent consacre aussi beaucoup de temps à La Maison Stéphane Fallu, un projet d’hébergement pour des jeunes qui doivent quitter les centres jeunesse une fois qu’ils ont atteint la majorité. Fonctionnelle depuis deux ans, cette maison abrite six jeunes hommes. Le philanthrope envisage la construction d’une nouvelle aile ou même d'une autre maison, pour des jeunes femmes.

Photo Marc-Antoine Halle