Par Francis Hébert. Pour son nouveau spectacle, Paul Piché a choisi de rendre hommage à son album le plus populaire, Sur le chemin des incendies. Trente-cinq ans après sa parution, ses refrains continuent à nous hanter, comme des appels au loin…

D’ailleurs, il suffit de lire les titres du disque pour qu’on les entende immédiatement, dans nos têtes, parce qu’ils ont beaucoup joué à la radio ou sur nos platines : J’appelle, Sur ma peau, Je lègue à la mer, Un château de sable…

« À partir de Sur le chemin des incendies, j’ai commencé à travailler différemment. Je ne décidais plus d’avance quels allaient être les thèmes du disque. Je me laissais plutôt aller à suivre l’émotion de la musique, des paroles. Composer et découvrir au fur et à mesure. Pour le titre de l’album lui-même, je ne l’avais pas encore trouvé, alors qu’on était en train de faire la pochette, avec la photo, le graphisme… Tout était prêt. Ils attendaient après moi pour le titre ! » confesse Piché en riant au téléphone.

Ce titre est extrait des paroles de la chanson Étrange, moins connue mais que l’on redécouvre avec grand plaisir quand on réécoute l’opus avec nos oreilles d’aujourd’hui : « Ce n’est pas une chanson de radio, mais il y a beaucoup de monde qui l’aime. Pour moi, elle fait partie de mes plus belles chansons. »

Au moment où parait Sur le chemin des incendies, Michel Rivard vient de sortir Un trou dans les nuages et Pierre Flynn, Le parfum du hasard. Des arrangements synthétiques pour habiller des chansons pop, qui se rendent jusqu’aux gens. Des artistes qui ont tous pris un virage plus acoustique pour leurs productions suivantes.

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Pour Piché, on le constate, ça a été un grand chantier : « Avec eux, il y a une communauté d’amitiés, mais je travaillais plutôt dans ma bulle. Nous avions en commun cette envie d’explorer. C’était la première fois que je réalisais moi-même un album. Au début de ma carrière, honnêtement, je ne connaissais pas grand-chose à la musique. Je jouais de la guitare, je chantais dans les bars. Pour le premier disque, c’est beaucoup Robert Léger qui a mené la barque. Mais rendu au cinquième album, c’est comme si j’étais allé à l’université de la musique depuis ce temps. J’étais davantage en mesure de savoir ce que je voulais, alors qu’à mes débuts, je savais juste ce que je ne voulais pas », rigole-t-il.

Mais Piché n’oublie pas de souligner le rôle des musiciens qui l’entouraient à l’époque et qui sont toujours à ses côtés dans cette nouvelle tournée : « Mon guitariste Rick Haworth a été très important et il l’est toujours. On aurait pu co-réaliser le disque ensemble mais j’avais envie qu’il soit plus libre, que ce soit moi qui ai toutes les préoccupations liées à ce travail de réalisation. Il y a de beaux moments de guitares. Le disque aurait pu s’appeler Sur le chemin des ruines : on a fait tout l’album pendant des semaines en studio, et en l’écoutant ensuite, je n’étais pas satisfait. Ça ne s’explique pas : ce n’était juste pas ça. J’ai décidé de tout jeter et de recommencer. Financièrement, ça n’a pas été évident… J’étais coproducteur, alors j’ai dû hypothéquer ma maison. » Tout ce labeur en a valu la peine puisque Sur le chemin des incendies a été un gros succès, et que Piché en parle comme un « deuxième élan » à sa carrière.

Et nous voici 35 ans plus tard. Cet opus important sera le cœur du nouveau spectacle, avec en prime une chanson inédite sur laquelle il travaille depuis très longtemps, et il compte aussi chanter quelques titres seul à la guitare. Réchauffez-vous la voix avant d’arriver.

Par Francis Hébert

Paul Piché
16 avril 2023 à 15 h 30
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives

Photo Victor Diaz Lamich