Par Philippe Renaud. Le compositeur italien Ennio Morricone a marqué l’histoire du cinéma en signant certains de ses plus mémorables thèmes musicaux, dont ceux de la célèbre Trilogie du dollar (1964-1966) du cinéaste Sergio Leone qui a rafraichi le cinéma western avec l’aide de l’acteur Clint Eastwood.

L’Orchestre Philharmonique du Québec lui consacre un programme entier, sous la direction d’Alexandre Da Costa, qui nous parle du génie de cette icône de la musique à l’image, décédée en 2020 à l’âge de 91 ans.

« Un très beau film sur sa vie et son œuvre est récemment sorti. Les étoiles sont alignées », dit Alexandre Da Costa, à propos d’Ennio, documentaire de Giuseppe Tornatore salué par la critique. « Quatre ans après son départ, on mesure l’ampleur de son influence dans l’univers de la musique à l’image qui se traduit admirablement bien sur scène », estime le chef d’orchestre.

« Morricone, c’est un compositeur qui connaissait bien la musique classique, mais dans son travail, il mélangeait aussi le jazz et le rock. C’est un pionnier et on se rend mieux compte aujourd’hui de l’impact qu’il a eu sur la musique du XXe siècle. Je ne suis pas le seul à avoir eu envie de célébrer son œuvre, mais chaque projet se démarque par l’angle d’approche : le mien est symphonique, d’abord, mais aussi dans la manière de présenter le programme. J’ai eu envie de le faire à la manière d’un grand gala – comme si c’était le gala des Oscars, en musique. »

Pour combler les 90 minutes que dure le spectacle Il était une fois Ennio Morricone, Da Costa et ses collègues de l’Orchestre Philharmonique du Québec ont l’embarras du choix. La légende a composé plus de 500 œuvres pour le cinéma et la télévision, ses plus célèbres étant pour la majorité les musiques des films de Leone, jusqu’à son ultime et épique Once Upon a Time in America (1984).

On lui connait également l’inoubliable thème de Cinéma Paradiso (1988) d’un autre grand nom de la cinématographie italienne, le réalisateur Giuseppe Tornatore. L’une des compositions de Morricone les plus estimées est la musique du film The Mission (1986) de Roland Joffé, Palme d’or du Festival de Cannes. Pourtant, le compositeur a dû attendre en 2016 pour remporter son premier Oscar en carrière (si on exclut le prix honorifique reçu en 2007) pour la musique du film The Hateful Eight, réalisé par un de ses plus grands admirateurs, Quentin Tarantino.

Ainsi, le programme du concert évitera les œuvres plus longues de Morricone, indique le chef d’orchestre, pour donner un meilleur portrait d’ensemble de la carrière du compositeur. Le public reconnaitra les grands thèmes de l’Italien et découvrira quelques compositions plus obscures, « parfois certaines œuvres plus difficiles d’accès qui témoignent aussi de son génie, mais on ne peut passer sous silence les plus grands moments de musique qu’il nous a laissés » et qui nous rappellent les scènes mémorables que ces musiques accompagnaient.

« Le thème de Cinéma Paradiso, c’est magnifique ! », s’emballe Da Costa qui, comme à l’habitude, dirigera l’orchestre, violon à la main : « Ce ne sera pas un concert pour violon, Morricone a tellement de belles œuvres qui mettent en valeur les couleurs de l’orchestre. » Deux chanteurs, Klara Martel-Laroche et Michaël Girard, se joindront à nous pour interpréter les grands thèmes. « Morricone a lui-même fait beaucoup de tournées à travers le monde et enregistré avec des chanteurs. Je crois que ça ajoutera à la soirée. »

Musique de concert. Chef et soliste : Alexandre Da Costa. Musiciens de l’Orchestre Philharmonique du Québec. Production : Orchestre Philharmonique du Québec. Durée : 1 h 30, avec entracte.