Par Valérie Legault. Yosune Yañez, alias NUNNE, a du Mexique dans le sang, son pays natal. Ça se voit et ça s’entend sur son premier mini-album La Selenita, qu’elle vous fera découvrir le 20 mars. Si le printemps n’a pas encore donné de signaux de chaleur d’ici là, NUNNE se chargera de nous rappeler que les beaux jours sont à nos portes grâce à sa musique ensoleillée.

La jeune femme de 23 ans, récemment établie dans l’ouest de l’île de Montréal, avoue avoir vécu tout un choc culturel à son arrivée au Québec, il y a cinq ans. Elle a mis du temps à s’habituer aux aliments, à la langue, et surtout au froid ! Heureusement, le mercure à la baisse n’a pas ralenti son énergie contagieuse. Au contraire, la scène québécoise lui offre une vitrine inespérée.

Avec le temps passé en sol québécois, NUNNE a saisi toute la richesse de ses origines latino-américaines. L’autrice-compositrice-interprète a suivi son père jusqu’à Montréal, où il avait accepté un nouvel emploi. « Au Mexique, je n’étais pas certaine de qui j’étais. Je ne savais pas ce que signifiait être latina, car je ne connaissais que ça ! J’ai appris à découvrir mon identité à travers un nouveau pays. Je suis complètement différente lorsque je m’exprime en anglais ou en espagnol, car les codes culturels ne sont pas les mêmes », affirme-t-elle.

Le côté givré de NUNNE se démarque par son exubérance et son énergie à revendre. « Je parle beaucoup, j’adore danser et manger, comme plein d’autres Mexicains. Montréal m’a offert des occasions que je n’aurais pas eues autrement. Aujourd’hui, je suis très reconnaissante de pouvoir me démarquer de cette façon ! », ajoute la jeune femme dans un anglais impeccable.

C’est exactement ce que NUNNE nous transmettra lors de son premier passage à Saint-Jean-sur-Richelieu. Il suffit d’écouter son album La Selenita pour comprendre que la culture mexicaine fait partie de ses tripes. Et pour cause : elle a fait plusieurs allers-retours entre Montréal et Mexico pour l’enregistrer.

La qualité de l’enregistrement représente une condition non négociable pour la jeune artiste. En marge de ses leçons de piano, NUNNE percevait déjà à l’âge de dix ans l’importance de la sonorisation en musique. Dès son arrivée en sol montréalais, elle a donc suivi son intuition pour étudier en ingénierie du son et en production musicale.

Très influencée par des superstars de la musique hispanophone comme Rosalía, Nathy Peluso ou C. Tangana, NUNNE adore ces artistes qui combinent folklore latin et musique urbaine. « Pourquoi ne pas en faire une version mexicaine avec une touche moderne ? » se dit-elle avant de se lancer corps et âme dans son premier projet musical, paru en 2023.

La Selenita, c’est aussi un hymne pour les immigrants latino-américains qui abandonnent tout derrière eux dans l’espoir d’un avenir meilleur. On peut y entendre un métissage de plusieurs musiques traditionnelles comme le son cubain, la bossa nova ou le merengue. NUNNE s’est entourée de musiciens d’horizons différents pour parvenir à ce résultat, qu’ils aient des origines vénézuéliennes, mexicaines ou dominicaines.

Son titre préféré ? Náufragos, qui met en lumière le conflit intérieur des immigrants lorsqu’ils se retrouvent tout à coup en terrain inconnu. Elle se reconnait tout particulièrement dans la chanson Ojos de Plata, qui lui rappelle l’importance de ne pas abandonner la poursuite de ses rêves.

Son mini-album à peine sorti, NUNNE a vite repris l’écriture. Non pas pour perpétuer l’ambiance de fête qui fait sa signature, mais pour vivre le deuil d’un ami très proche. Ainsi est né Hakú, son deuxième mini-album paru en 2024 dans une facture beaucoup plus intime, qui se rapproche davantage de ses idoles Natalia Lafourcade et Rita Payés.

« Je ne planifiais pas un nouvel album de sitôt, avoue-t-elle. Il m’est venu naturellement. La musique a agi comme une thérapie sur moi. Quand j’ai commencé à écrire, c’était d’abord pour me confier, nommer mes émotions et me consoler. C’est ensuite devenu un hommage à mon ami. » Elle en présentera d’ailleurs quelques extraits sur scène, ainsi que de nouvelles compositions qui promettent d’apporter de la chaleur dans la salle.

Photo Sandra Tomaylla