Par Gilles Lévesque. Si vous avez la soixantaine, même si vous étiez très jeune à l’époque, vous vous souvenez sans doute de la série culte Moi… et l’autre diffusée à la télévision de Radio-Canada. Impossible d’avoir oublié ces personnages mythiques qu’incarnaient Dominique Michel et Denise Filiatrault, deux femmes libres et indépendantes dont on a pu voir les manigances et les steppettes au petit écran, de 1966 à 1971.

Vous avez raison de dire que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis. Toujours est-il que Kim Lévesque Lizotte, à qui l’on doit les séries à succès Virage, Les Simones et Avant le crash, a eu la bonne idée de nous faire revivre cette belle époque en misant sur un nouveau médium, de nouveaux interprètes et une nouvelle intrigue. Plutôt audacieux comme défi, mais à en juger par le succès remporté l’été dernier au Théâtre du Vieux-Terrebonne, où la pièce a été présentée durant un mois, on peut affirmer que ce pari a été relevé de belle façon.

Tellement en fait que Moi… et l’autre part en tournée pour une série de 25 représentations, dont l'une est prévue le 22 février prochain au Théâtre des Deux Rives.

Sur scène, on pourra ainsi voir Juliette Gosselin dans la peau de Dodo et Alexa-Jeanne Dubé dans celle de Denise. Roger Léger incarnera le gérant de l’immeuble, M. Lavigueur, tandis que Marc St-Martin assumera le rôle du concierge Gustave. Trois nouveaux personnages seront de cette nouvelle aventure. Ils seront interprétés par Sandrine Bisson, Kim Despaties et David Corriveau.

Quant à l’intrigue, disons simplement que l’histoire se passe à l’aube de l’Expo 67, dans un Québec en pleine transformation. Dodo et Denise s’éprennent alors d’un chanteur de charme français qui leur fait miroiter une escapade parisienne en sa compagnie dans le cadre d’un concours de talents. Un scénario propice, comme vous pouvez vous en douter, à une enfilade de saynètes comiques aux saveurs variées.

Juliette Gosselin n’était pas de ce monde lors de la télédiffusion de cette série. Pas de ce monde non plus pour vivre cette page d’histoire qu’a été l’Expo 67. Malgré son jeune âge (33 ans), elle n’a pu s’empêcher d’auditionner pour le rôle de Dodo. Pourquoi ?

« Bien honnêtement, j’ai auditionné en n’y croyant pas vraiment, confesse-t-elle. Même si je n’avais pas fait beaucoup de théâtre, un médium que je connais moins, je voyais ça comme un bonheur immense de pouvoir incarner cette légende. Kim Lévesque Lizotte m’a convoquée pour une deuxième audition, et là, j’ai été pris d’un vertige. J’ai finalement décroché le rôle et j’en suis très fière. »

Celle qui a déjà joué dans Nouvelle-France en compagnie de Gérard Depardieu et David La Haye, mais aussi dans Portrait-robot, L’Échappée, Virage, Fragile et L’Académie, s’est alors empressée de visionner des épisodes de Moi… et l’autre pour comprendre le ton et le personnage de Dodo, tout en évitant de tomber dans la caricature.

« Je dois vous dire que ma mère était contente que j’obtienne ce rôle. Sa fierté envers moi était immense. Elle a toujours eu énormément de respect pour Dominique Michel et ce qu’elle a fait pour faire avancer la cause des femmes », tient à souligner Juliette Gosselin.

Donc tout l’été au Théâtre du Vieux-Terrebonne, elle a fait revivre Dodo en présence de gens nostalgiques qui avaient vu la série, ou du moins en partie. « Certains amenaient leurs enfants, des proches, une nièce. C’était beau de les entendre rire et de voir le bonheur sur leur visage. Cette relecture nous permet de s’adresser à tout le monde, et c’est très valorisant », note celle qui a coécrit et coréalisé la série Discrètes avec Sophia Belahmer.

Vous vous doutez bien que nous lui avons demandé si Dominique Michel et Denise Filiatrault avaient eu l’occasion d’assister à l’une des représentations théâtrales de Moi… et l’autre. « Elles n’ont pas pu se déplacer, mais Dodo nous a fait parvenir des fleurs de même qu’une note où elle nous invitait à avoir autant de plaisir qu’elle en a eu lorsqu’elle a tourné cette série culte. Et du plaisir, nous en avons beaucoup ! J’ai d’ailleurs développé une belle complicité avec Alexa-Jeanne Dubé sur scène. »

Photo Alex Dozois