Par Yves Malette. Après le succès de sa première tournée Vrai, Mike Beaudoin revient sur scène en présentant Acharné. Dans ce deuxième solo, il continue de dévoiler des segments de son quotidien avec sincérité et humour en allant plus en profondeur, ce qui mène l’autodérision à un autre niveau.

Mike Beaudoin révèle que le titre Acharné reflète bien la ligne directrice du spectacle : « Dans n’importe quel domaine, je mets tout en œuvre pour atteindre mes objectifs. Je m’acharne vraiment à surmonter les défis. C’est beau dit comme ça, mais ça ne tourne pas toujours en ma faveur. » Le comique en fait la démonstration en puisant dans son vécu. Cette fois, il va plus loin en se livrant davantage que dans son premier opus, tout en restant honnête et authentique, précise-t-il.

Au nombre des sujets abordés, l’humoriste s’attarde sur la relation privilégiée qu’il a avec son adolescente : « Elle se confie un peu trop à mon goût. C’est le résultat de mon acharnement. Je voulais tellement être pour elle un meilleur père que le mien l’a été pour moi que j’en ai peut-être trop fait. Maintenant, c’est comme si j’étais le meilleur ami de ma fille au lieu d’être son paternel. C’est vraiment intense. »

Le seul en scène de Mike Beaudoin n’est pas constitué d’une suite de différents numéros. Il a plutôt structuré sa prestation en trois blocs. Il parle de la relation particulière avec sa fille et il raconte ensuite comment il a peiné pour prouver à ceux qui doutaient de lui qu’ils avaient tort de le sous-estimer. Au passage, l’humoriste ne se gêne pas pour raconter qu’il s’est fait expulser de la maison familiale à 18 ans alors qu’il travaillait pour son père en vendant des substances illicites au cégep (!). Dans le dernier bloc, il parle de sa situation actuelle alors qu’il a réalisé certains objectifs et qu’il est maintenant « semi-connu », ce qui crée parfois de drôles de moments en public.

Invité à définir son style, Mike Beaudoin répond qu’il est une sorte d’hybride entre le stand-up traditionnel et le raconteur : « Je raconte mon vécu en ajoutant plein de gags ici et là. Ce n’est pas une longue histoire avec une chute à la fin. Ce n’est pas non plus “une ligne, un punch”, mais c’est quand même très dynamique. »

Celui qui dit n’avoir aucun filtre mentionne que les différents commentaires reçus lui révèlent que les spectateurs le perçoivent plus comme un ami que comme un personnage : « Je donne l’impression de raconter mon histoire de la même façon que je le ferais si nous étions trois ou quatre amis autour d’une table lors d’un souper. Les gens sentent que je m’adresse directement à eux au lieu de m’adresser à une salle. Ils constatent que je n’essaie pas de plaire à tout le monde à tout prix et ils aiment mon authenticité. »

Le rôle du web

Mike Beaudoin roule sa bosse en humour depuis une vingtaine d’années. Il a notamment animé des soirées d’humour à travers le Québec en plus de se produire souvent en première partie de Rachid Badouri. L’humoriste avoue cependant que c’est surtout sur le web qu’il s’est fait connaitre.

« Le milieu de l’humour a changé. Plusieurs jeunes humoristes que personne ne semble connaitre vendent beaucoup de billets grâce au web. Personnellement, c’est rare que je me présente dans une salle qui n’est pas remplie. Les gens qui me suivent sur les réseaux sociaux viennent à mes spectacles parce qu’ils aiment ce qu’ils voient sur internet. Je n’ai pas besoin de dépenser une fortune en publicité », explique-t-il.

C’est ainsi que Mike Beaudoin a lui-même produit Vrai, son premier spectacle : « Avec l’essor des réseaux sociaux, nous avons compris que nous n’avons plus besoin d’attendre personne pour nous faire valoir. »

Pourtant, il s’est joint à une maison de production pour son deuxième spectacle. « Après l’expérience de ma première tournée, j’ai travaillé avec l’objectif de remplir de plus en plus de grosses salles. Les gens du Groupe Encore m’ont contacté en me disant qu’ils avaient aimé ce que j’avais fait par moi-même, mais qu’ils pourraient m’aider à aller plus loin. J’ai décidé d’embarquer dans la mesure où ils acceptent que je puisse continuer à décider certaines choses », fait savoir Mike Beaudoin, content d’avoir opté pour le meilleur de deux mondes.

Photo Alexandre Champagne