18/05/2024

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Michelle Desrochers : Quand l’autodérision permet tout

Par Yves Mallette. Michelle Desrochers a connu une ascension très rapide dans l’industrie du spectacle, elle qui est sortie de l’École de l’humour il y a cinq ans à peine. Une période qui a été marquée par un ralentissement pandémique, ne l’oublions pas. Pourtant, elle a déjà passé le cap des 80 000 billets pour son spectacle intitulé Pelote, ce qui en dit long sur la qualité de ce premier opus.

Réglons tout de suite la question du titre. Pelote réfère au tricot, le passe-temps de son alter ego, une vieille tante qui vit en elle et qui se fait quelques fois entendre. Pelote, dans le sens d’une veste de laine qui fait du bien… mais qui pique un peu. Nous y voilà. À l’oral, le titre prononcé rapidement peut faire allusion aux organes féminins qui avoisinent l’aine. C’est sûr que l’aine et la laine c’est un peu mélangeant…

« Quand j’étais étudiante en création littéraire, j’aimais beaucoup les nombreux sens qu’un mot peut avoir. Mon spectacle est réconfortant et rassembleur, mais il arrive que je cabotine en présentant mon petit côté croustillant. Je trouve que le titre évoque ces deux angles. Oui, il y a certaines blagues qui volent sous la ceinture. C’est que la vieille tante qui m’habite est assez cochonne », explique Michelle Desrochers en riant.

Malgré tout, les sujets abordés par l’humoriste n’ont rien de choquant et conviennent à toutes les oreilles. Mme Desrochers parle beaucoup d’obsession, particulièrement de son obsession pour la nourriture : « Avant, on parlait juste de l’anorexie. Maintenant, on connait plein d’autres troubles alimentaires. C’est un problème plus généralisé qu’on pense. »

Le rapport au corps humain est aussi un thème mis de l’avant par Michelle Desrochers qui raconte des anecdotes reliées à des situations de la vie aussi drôles les unes que les autres, question de dédramatiser. Les rires fusent, ce qui n’empêche pas le message rattaché à l’acceptation corporelle de passer. Elle parle aussi de différents métiers, « un des moments forts du spectacle », révèle-t-elle.


La trentenaire, qui a grandi à Châteauguay, parle de la vie de célibataire et des façons de faire des rencontres qui diffèrent beaucoup selon les époques. Elle partage par ailleurs sa perception de l’amour et des relations humaines qui a été influencée par les magazines et la télévision. « Dans les magazines, on idéalise certains modèles de femmes, mais on en culpabilise plusieurs aussi. Tout cela crée de grandes attentes chez les femmes, des attentes qui peuvent jouer sur nos complexes », fait valoir l’humoriste.

On l’aura compris, Michelle Desrochers passe des messages à portée sociale, mais jamais de façon tonitruante : « Je ne fais pas de politique et je ne fais la morale à personne. Ma priorité est de faire rire. Avec un certain angle dans le propos, à travers des blagues, je peux afficher une prise de position claire sur des sujets qui me tiennent à cœur comme le féminisme, le respect des autres et l’importance de l’acceptation de soi. »

Pour y arriver, la dame maitrise un outil très efficace : l’autodérision. Elle s’amuse principalement à ses propres dépens… ce qui lui permet de s’amuser aussi aux dépens des autres : « En riant de soi en premier, on peut ensuite taquiner les autres sans que ça soit trop agressif. Je ne fais pas des blagues en cherchant à provoquer ou à diviser. Au contraire, je fais en sorte que tout le monde dans la salle se sente au diapason. »

Pour faciliter la chose, Mme Desrochers opte pour la simplicité en misant sur la formule de stand-up classique à l’américaine. Sur scène, l’humoriste se contente d’un tabouret… chaussée de petits bas de laine, question d’être en accord avec le titre. Le rythme est plutôt sportif pour l’auditoire avec des « blagues placées à peu près aux sept secondes ». Mais quand elle livre des anecdotes, on entend davantage une raconteuse, ce qui lui donne l’occasion de flirter avec l’humour d’observation.

Notons en terminant que Michelle Desrochers a écrit son spectacle avec la collaboration de Maryse Paradis qui a de plus agi comme coordinatrice à l’écriture. Quant à LeLouis Courchesne, il a aussi participé aux textes en plus de signer la mise en scène.

Michelle Desrochers
29 juin 2024 à 20 h
Centre culturel de Venise-en-Québec

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