Par Yves Mallette. À 18 ans, se croyant trop jeune pour être admise et sous-estimant peut-être aussi ses habiletés, Mégan Brouillard était certaine que ça ne fonctionnerait pas. Plus par curiosité qu’autre chose, elle a quand même tenté sa chance aux auditions de l’École nationale de l’humour. Moins de cinq ans plus tard, là voilà qui présente son premier spectacle : Chiendent.

« Au secondaire, je m’intéressais à tout ce qui se faisait dans ce domaine, mais je n’ai jamais pensé devenir humoriste parce que je n’avais pas l’impression que c’était possible. » Pourtant, en 2020, elle a obtenu son diplôme de l’École nationale de l’humour… en pleine pandémie. Difficile pour la jeune comique d’amorcer une carrière alors que le milieu culturel est en pause forcée : « Ça va bien pour un musicien de pratiquer à la maison, mais pratiquer la clownerie dans ton salon, c’est moins facile. »

Pour combattre l’ennui, Mégan Brouillard s’est tournée vers le réseau social TikTok en partageant des vidéos amusantes de son quotidien. Constatant que sa popularité montait en flèche, elle a poursuivi l’initiative avec plus de rigueur. « Faire le montage de mes vidéos m’obligeait à me réécouter, à me rendre compte de la façon dont je parle et à étudier mes expressions faciales. Bref, ça m’a vraiment aidé à m’améliorer comme artiste », dit-elle.

Sans compter que son succès sur TikTok lui a procuré des opportunités, comme une participation à l’émission Mon prochain stand-up, diffusée sur Noovo, où elle s’est rendue en finale. Ses performances l’ont ensuite amenée à prendre part à des émissions de télé et à différents galas d’humour jusqu’à ce qu’elle occupe la scène avec Chiendent.

Premier solo

Le chiendent est considéré comme une mauvaise herbe très envahissante et difficile à éradiquer. Cependant, cette graminée vivace, quand on la connait bien, peut apporter certains bénéfices. Par exemple, le rhizome du chiendent contient un liquide qui éloigne les limaces et ses graines comestibles peuvent servir à faire de la farine.

Ce bref aparté horticole est nécessaire pour expliquer le titre du premier spectacle de Mme Brouillard : « Je ressemble davantage à du chiendent qu’à une belle rose. Je me trouve très commune et très coriace. Mais je pense que dans les affaires très communes on peut trouver des choses intéressantes. »

Mégan Brouillard s’arrange donc pour qu’on fasse sa connaissance durant ce premier spectacle, notamment en parlant de sa famille et en racontant son parcours. Mais tout ne tourne pas autour d’elle. Elle insiste davantage sur sa façon de percevoir les choses qui l’entourent, comme le choc qu’elle a ressenti en s’installant à Montréal pour travailler, alors qu’elle vient de Drummondville : « Ce n’est pas très loin, mais il y a quand même une différence. D’ailleurs, c’est en arrivant à Montréal que j’ai appris que j’avais un accent. » Parmi les autres sujets, la Drummondvilloise discourt au sujet du magasinage, du sport, des types de rencontres que l’on peut faire, de son admiration pour la communauté des fumeurs de cigarettes (!), etc.

La proposition de la jeune humoriste s’inscrit dans la pure tradition du stand-up à l’américaine. « Ce n’est pas que je tienne mordicus à la tradition, c’est juste que je n’ai pas d’autres talents », précise-t-elle dans un éclat de rire.

Quant au style d’humour mis de l’avant, la jeune femme a de la difficulté à l’identifier avec précision. C’est qu’elle ne se voit pas dans une case bien définie : « Ce n’est pas une suite de gags sans arrêt ; ce ne sont pas de longues histoires non plus. Disons que c’est une série d’anecdotes rattachées à un point de vue en particulier. Quand j’ai épuisé le sujet, je passe à autre chose. »

Mégan Brouillard se dit heureuse de la façon dont les choses se déroulent jusqu’à maintenant : « Ça se passe vraiment bien. Il y a des gens de tous les âges dans les salles et ils rient beaucoup. Je suis super contente. »

Photo Patrick Beaudry