18/04/2023

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Maude Landry transforme ses angoisses en rigolade

Par Yves Mallette. Dans son premier spectacle intitulé Involution, Maude Landry parle d’insomnie, de la peur de vieillir, des animaux, de l’estime de soi, de la difficulté d’être un humain, de spaghettis, de vampires. Bref, elle en couvre large en parlant à peu près de tout, sauf de hockey, précise-t-elle.

Tous ces thèmes qui semblent avoir ni queue ni tête finissent par trouver un sens dans la logique de cette humoriste qu’on découvre à peine, même si elle vit de l’humour depuis huit ans. Le titre Involution fait référence à une régression et appelle à une certaine introspection, à un repli sur soi. Autrement dit, explique Maude Landry, c’est en se regardant soi-même que l’on comprend plus les autres.

Bien sûr, il y a une ligne directrice qui relie tout ça. Il est beaucoup question de santé mentale, de trouble de la personnalité limite, de trouble obsessionnel compulsif. On devinera que la dame a son lot d’anxiétés. « Plusieurs de mes idées de numéros viennent de mes inquiétudes. Je transforme simplement mes angoisses en rigolade », raconte celle qui cajole des animaux pour se calmer.

Sa fascination pour le monde animal est d’ailleurs un bon exemple de ce qui explique sa démarche. Maude Landry se dit très curieuse des autres espèces vivantes sur la terre : « J’envie les animaux d’être aussi insouciants, de faire ce qu’ils veulent sans se demander si c’est correct ou non. De notre côté, nous nous demandons pourquoi nous sommes là et nous essayons de trouver un sens à tout. C’est pour ça que nous faisons de l’anxiété ».

Voir Maude Landry

À un certain moment du spectacle, l’humoriste empoigne sa guitare et chante des pièces absurdes où il est entre autres question d’une licorne pas de corne. « C’est un intermède musical qui nécessite une écoute moins active », dit l’humoriste qui s’inspire de François Pérusse et de RBO pour cette dose d’humour musical.

Notons au passage que quand elle parle de son spectacle, Maude Landry parle rarement au « je ». Elle souligne notamment la collaboration de Guillaume Lambert à la mise en scène et de Simon Delisle qui a aidé aux textes.

Les critiques, unanimes à louanger son spectacle, s’entendent pour dire que Maude Landry a un style bien à elle. On parle d’un style « intello-rigolo ». Des journalistes familiers avec la langue de bois des fonctionnaires du ministère de l’Éducation (entre autres) parlent de « stand-up observationnel traditionnel » ou d’anti-humour. Pour la principale intéressée, les choses sont plus simples : « On dit que mon humour est absurde, décalé, à côté de la track. Moi, je suis simplement une fan d’humour. Il y a plein de façons de faire rire, dont l’exagération, la comparaison, l’autodérision, l’absurde. J’essaie d’explorer tous ces processus afin d’équilibrer le spectacle, que ce ne soit pas seulement de l’absurde. »

Mais ce qui distingue Maude Landry, c’est qu’elle va où on ne l’attend pas. Son type d’humour est à peu près l’équivalent d’un bloc-piège au football. Bon, d’accord. Pour les personnes qui ne connaissent pas de joueurs des Géants ou des Dorchesters de Saint-Jean à qui demander des éclaircissements, disons que c’est un humour qui déjoue les attentes. Pour elle, tout se joue dans la façon de disséquer les mots ou les expressions dans le but de réfléchir un peu.

Écrit comme ça, on peut penser qu’il est ici question d’une conférence de philosophie et non d’un spectacle d’humour. Pourtant, on rit beaucoup dans les spectacles de Maude Landry, comme on se tordait lors des monologues de Pierre Légaré à qui, justement, on a comparé Maude Landry, ce qui n’est rien pour calmer les angoisses de celle-ci. « Ça ajoute beaucoup de pression, mais en même temps, c’est un grand honneur. C’est sûr que c’est une influence, car j’ai écouté ses spectacles et je connais plusieurs de ses blagues. M. Légaré parlait d’anxiété avant qu’on commence à en parler ouvertement. Je pense à un de ses numéros sur la peur. Il n’y avait pas le mot “anxiété” dans ses phrases, mais c’était ça. Il était très avant-gardiste. Pierre Légaré, c’était un génie », conclut celle qui rêve de jouer dans le Bye Bye d’ici 2025 parce qu’elle a toujours aimé le travail en équipe, faire des sketchs et jouer des personnages. D’ici là, on la retrouve sur scène.

Maude Landry
15 décembre 2023 à 20 h
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives

Photo Félix Renaud

Cette entrevue a initialement été publiée dans l'édition de mai 2023 du magazine l'Entracte de la SPEC du Haut-Richelieu. Pour consulter l'édition en cours, cliquez ici. 

 

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