Par Yves Mallette.  Depuis un an déjà, Matthieu Pepper sillonne la province avec son premier seul-en-scène comique intitulé En attendant la fête au village. Un spectacle très personnel dans lequel l’humoriste relève le défi de réussir un ménage à trois entre réflexion, introspection et hilarité, le tout agrémenté d’une bonne dose d’autodérision.

« Dans ce premier spectacle, je parle forcément de moi, de ma vision de la vie. Quelqu’un qui ne me connait pas va apprendre des choses qu’il ne veut pas nécessairement savoir », lance le comique dans un éclat de rire.

Matthieu Pepper aborde plusieurs sujets, comme son enfance, l’éducation sexuelle, les animaux de compagnie, la virilité, la mort, l’anxiété, la scolarité. L’humoriste convient que ce n’est pas nécessairement fastoche de transformer des éléments très personnels en quelque chose de drôle, surtout que la rigolade n’est pas la première chose qui nous vient en tête quand on examine la liste de ses thèmes.

« Quand je parle d’anxiété, je relate des anecdotes relatives aux troubles que j’avais quand j’étais jeune. Quand il est question de masculinité, il n’y a aucun ton moralisateur. Je parle juste d’un gars de 33 ans qui se demande simplement à voix haute où il en est dans son processus de réflexion face à tout ça », fait savoir M. Pepper, en insistant pour dire que le rire est quand même au centre de toute l’affaire. Bref, il touche à des sujets sérieux avec humour et légèreté.

Notons au passage que le titre du spectacle, En attendant la fête au village, est inspiré d'une phrase prononcée par son père, quelques jours avant de décéder. « C’est un peu comme si mon père voulait dire que, même dans les moments difficiles, il ne faut pas oublier qu’il y a toujours une fête au village qui s’en vient. C’est comme s’il avait lancé cette phrase pour transmettre un gros message d’espoir », confie le cadet d’une famille de cinq.

Ce premier spectacle, Matthieu Pepper l’avait écrit il y a quelques années, mais plusieurs évènements, comme l’écriture d’une série télé et la pandémie, ont retardé sa présentation à un point tel qu’il l’a réécrit. « Trop de choses avaient changé. Quand j’ai fait le premier jet, je n’avais pas encore créé la série Entre deux draps. Pour la télé, j’ai écrit autour de 800 sketches. Laissez-moi vous dire que ça forge une expérience. Tout ça m’a aidé à avoir une écriture plus mature, plus peaufinée et mieux adaptée à mes premières prestations en solo. »

Non satisfait de l’avoir réécrit, il continue à changer des passages. « Un numéro complet peut prendre le bord un certain soir au profit d’un nouveau ou encore, ce ne sont que des tournures de phrases qui peuvent varier. Je n’ajoute que des choses drôles qui peuvent bonifier ma proposition. Pour moi, c’est la joie de l’art vivant », s’exclame-t-il.

Un autodidacte

Matthieu Pepper s’est d’abord fait connaitre sur le web, à la radio et à la télé avant de lancer son premier solo, lui qui gravite pourtant dans l’univers de l’humour depuis une douzaine d’années. Refusé à l’École nationale de l’humour, il faut retenir que Matthieu a appris tout seul et auprès de collègues aguerris.

Parmi eux, il y en a un envers lequel il est particulièrement reconnaissant : « Avec Mike Ward, j’ai beaucoup parlé de la job. C’est un des premiers à m’avoir donné des conseils. Mike, c’est le stand-up pur race. Il aime écrire des blagues, il raffole du processus de création. J’admire sa façon de travailler. C’est une chance d’avoir pu le côtoyer à mes débuts. »

Matthieu Pepper a commencé l’écriture d’un deuxième spectacle. « J’ai déjà beaucoup de matériel, mais ce n’est pas encore très drôle. Ce processus de création est exigeant, mais grisant en même temps. » En tout cas, il a très hâte de présenter cette deuxième proposition, probablement dans un an.

D’ici là, l’artiste qui a grandi à Saint-Eustache profite pleinement du succès de son premier spectacle solo. « Ça se passe super bien. Les salles sont pleines, les gens sont super. Je ne peux pas me plaindre. C’est une très belle tournée », conclut celui qui est seul à l’écriture, appuyé par Pascale Renaud-Hébert à la mise en scène.

Matthieu Pepper
24 janvier 2025 à 20 h
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives