Par Marie-Pier Gagnon. Figure marquante de la danse au Québec, Lydia Bouchard cumule les projets créatifs. De chorégraphe à metteure en scène, en passant par juge à l’émission à succès Révolution, elle viendra à votre rencontre en décembre pour discuter avec vous de sa prochaine production.

Ce moment unique intitulé Minuit avant la nuit s’inscrit dans la série des Grands rendez-vous artistiques. À l’invitation de la SPEC du Haut-Richelieu, l’artiste viendra présenter en primeur quelques extraits de sa nouvelle réalisation, Minuit quelque part, qui sera présenté en 2024, et dont elle signe la mise en scène et la production.

Pour ce faire, elle sera accompagnée de danseurs qui révéleront des passages chorégraphiques inédits du spectacle décrit comme « une explosion de bonheur tout en mouvement » et qui allie dix interprètes, sept chorégraphes de renom et un heureux mélange de danse contemporaine et de culture pop. Voilà qui promet !

Un spectacle qui voyagera d’ailleurs dans quelques régions du Québec et qui a été bâti à la demande de diffuseurs avides d’offrir à leur public une production de qualité, accessible et à la fois relevée.

La danse, plus que jamais ! 

Ce genre de rencontre privilégiée est rare dans l’agenda de la chorégraphe. « On fait généralement beaucoup d’entrevues en amont avec les médias ou encore à la télévision pour parler d’un projet, mais pas dans les salles avec le public », dit-elle. Elle s’en réjouit, signe de l’intérêt grandissant des Québécois pour la discipline.

« Pour la communauté de la danse, une émission comme Révolution était inespérée. On voit le changement. Notre façon d’apprécier la danse en tant que Québécois est différente. On sent qu’on éveille le public à quelque chose auquel il n’avait pas accès avant. »

Celle qui a d’abord découvert la danse par le ballet à l’âge de douze ans se surprend aujourd’hui à être interpellée pendant qu’elle fait l’épicerie par des gens de tous les âges et de tous les horizons qui souhaitent lui parler des émotions vécues en regardant l’une ou l’autre des performances de l’émission. « Qu’un camionneur m’arrête pour me parler de danse contemporaine, j’adore ça ! »

« Il faut former le public pour qu’il se déploie avec nous, qu’il devienne érudit », croit-elle. C’est pourquoi Lydia Bouchard apprécie la chance qui lui est donnée de venir à votre rencontre pour parler de sa passion. « Un danseur connu, ça n’existe pas. Jamais je n’aurais cru avoir cet espace-là avec le public », ajoute celle qui signe également la mise en scène du spectacle Révolution en tournée. Un autre exercice de main tendue vers le public, et de qualité. « Le but, c’est le partage et la rencontre. »

D’ailleurs, la chorégraphe est agréablement amusée par les gens qui lui écrivent via les réseaux sociaux pour lui faire part de leur désaccord en regard de commentaires qu’elle a donnés à l’un ou l’autre des danseurs de l’émission alors qu’elle portait son chapeau de juge. « Je leur réponds et leur demande d’élaborer. J’aime que les gens développent leur propre opinion », dit-elle.

La Résistance

Toujours dans ce désir d’aller à la rencontre du public, Lydia Bouchard a d’ailleurs eu l’audace de créer sa propre compagnie d’art intrépide, La Résistance. Elle l’a fait avec une amie inspirante et de longue date, Merryn Kritzinger. Elles ont entre autres travaillé sur une production de Robert Lepage avant de faire le saut ensemble. « Nous avions souvent des idées qui ne cadraient pas avec ce que l’industrie attendait. La Résistance, c’était notre façon de créer un parapluie pour nous permettre de créer sans frontières. Faire une œuvre libre de commande, c’est important dans le parcours d’un artiste », de terminer Lydia Bouchard.

Là aussi, l’idée était de briser les barrières, de créer du ludique pour « produire des expériences qui mettent le créateur et le spectateur au défi de s’ouvrir à des horizons inexplorés. » En d’autres mots, innover tout en demeurant accessible pour permettre au public de suivre la parade et de s’y joindre.

Minuit avant la nuit
20 décembre 2023 à 19 h 30
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives
Admission générale

Photo Sébastien Sauvage