Par Jennifer Tremblay.

Louise Latraverse entame cet automne une tournée de spectacles-conférences, L’amour criss. Elle a envie d’aller à la rencontre des gens après avoir passé « trois ans enfermée ». Ce sont ses mots. Et elle les pèse. Elle qui n’était pas très solitaire l’est devenue par la force des choses : « On ne sait jamais ce que la vie nous réserve et vers quels changements elle va nous pousser. »

Mais son goût d’échanger avec les gens n’a pas disparu pour autant ! Le spectacle qu’elle prépare, et qui nous donnera l’occasion de la rencontrer le 26 novembre prochain, elle y pense depuis toujours. Heureuse de partir en tournée pour rencontrer les gens de son « beau pays », Louise Latraverse exprime sa reconnaissance envers la vie : « J’ai 83 ans, et je n’ai jamais connu la guerre. Peu d’êtres humains ont cette chance. Nous sommes privilégiés de vivre ici. Je déteste les chialeux ! »

Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans la préparation de ce spectacle : l’écriture ou la mise en scène ? « LE FAIRE. Oser le faire ! Toute ma vie, j’ai pensé faire ce spectacle ! »

L’artiste a fait son chemin depuis l’âge de 18 ans à la radio, à la télévision, au théâtre et dans le cœur du public québécois. Elle connaît à 83 ans une popularité qui la rattrape dès qu’elle met le nez dehors, ce qui la fait rire de bon cœur : « Je rencontre des gens dans la rue qui me saluent en disant : « L’amour ! Criss ! » ».Je la relance sur le récit de sa participation à l’émission de France Beaudoin où, en deux mots elle a enflammé le Québec. Elle n’a aucune réticence à commenter cet incroyable moment de télé une énième fois : « C’est sorti tout seul. Une dame aux cheveux blancs qui sacre à la télévision, ça a fait du bien à tout le monde. » On ne peut pas la contredire, sa pétillante candeur a eu l’effet d’une bouffée d’air frais.

« D’une certaine façon, on est tous pareils, on a tous les mêmes inquiétudes. La différence, c’est que moi, mon métier, c’est de raconter ce qu’on vit. Je suis une raconteuse. » Et des choses à raconter, elle en a long sur sa liste, elle qui a côtoyé des stars américaines et des personnalités québécoises qui ont marqué l’histoire de la province. Parmi elles, Simonne Monet-Chartrand, qui l’a beaucoup influencée : « Je n’ai pas besoin de dire « je suis féministe » pour l’être. Le récit de ma vie l’exprime ! Je mène ma vie seule depuis toujours. Moi, j’avais besoin d’indépendance. J’ai développé ma force morale. J’encourage les femmes à être créatives, à développer leurs talents. »

Louise Latraverse consacre du temps à des œuvres caritatives. Rappelons que la Maison Louise Latraverse est en cours de construction. L’édifice de 15 logements accueillera les femmes (et leurs enfants) à risque de féminicide. C’est pour rendre hommage à la générosité de l’artiste, qui a fait un don colossal à la Maison Simonne-Monet-Chartrand grâce à la vente de 16 000 t-shirts « L’amour criss », qu’on a donné son nom à cette maison dite de « deuxième étape ».

Celles et ceux qui la suivent sur les réseaux sociaux savent qu’elle dessine et qu’elle écrit ! L’écriture est en effet une pratique bien intégrée dans sa vie. Louise a fouillé dans ses carnets, accumulés au fil du temps, pour ressortir des bribes de ce qui est devenu, peu à peu, le fil conducteur du récit qui constitue son spectacle. Alors, quel a été le plus beau des plus beaux moments de sa vie ? Elle n’hésite pas une seconde : « La naissance de mon fils ! La naissance d’un enfant, c’est le plus grand moment d’amour d’un couple. »

La soirée que nous passerons avec Louise Latraverse en sera une d’échanges. Elle y tient dur comme fer : « Je veux discuter avec les gens. Je pose des questions au public. Ils ont besoin de participer ! Sinon je vais les chicaner ! »

Si elle a besoin de parler au monde, nul doute que « le monde » a tout à gagner à l’entendre, cette dame pleine d’énergie qui a été autodidacte en tout : « Ça m’a rendue extrêmement débrouillarde. Réussir sa vie, c’est aller au bout de ce qu’on peut apprendre ! »

Nous nous quittons sur un éclat de rire, après qu’elle m’eut parlé de son jardin de vivaces, qui lui apporte tant de joie. Un jardin aussi fourni et coloré que cette rencontre promet de l’être.

Louise Latraverse
26 novembre 2023 à 15 h
Cabaret-Théâtre du Vieux-Saint-Jean
Places réservées

Photo Julie Artacho