Par Jennifer Tremblay. Le spectacle Les Illusionnistes possède un charme indéfinissable, peut-être parce qu’il a le pouvoir de rallier le passé et le présent dans un étonnant amalgame de théâtre, de musique, de magie et de jeu clownesque. Le producteur, Marc-Alexandre Brûlé, qui monte sur scène dans le rôle d’un magicien, parle de son petit bijou comme d’un « récital de magie ».

De pièces musicales en numéros de magie, de situations rocambolesques en scènes tendres, nous avançons dans cet univers dont l’esthétique nous rappelle le music-hall des années 1920 et aussi les films muets.

La création qu’il a produite, et que nous verrons le 27 octobre prochain au Théâtre des Deux Rives, est aussi présentée en matinée scolaire et s’adresse à toute la famille. « Ça raconte l’histoire de deux artistes qui créent un spectacle devant plaire à un producteur. On retrouve aussitôt les archétypes qu’on a développés à cette époque. Le magicien maladroit, le duo magicien-assistante, etc. On a revisité des numéros traditionnels de cette époque. Mais avant tout, Les Illusionnistes, c’est une pièce de théâtre à laquelle j’ai intégré de la magie : les tours de magie font avancer l’histoire. »

L’intérêt de Marc-Alexandre Brûlé pour l’univers scénique remonte à l’enfance : « Ce qui m’intéressait, c’était de rassembler les gens et les conditions pour créer. » Il se rappelle une première expérience de ce genre à l’âge de huit ans ! Il a ainsi produit, entre autres, des spectacles de marionnettes et des comédies musicales. « J’ai rapidement compris que la magie m’interpellait parce que c’est un pôle qui peut rassembler toutes les autres disciplines. »

Est-ce que les tours de magie d’autrefois sont présentés de la même manière qu’autrefois? « Non, parce que nous avons une autre réalité, notre cerveau a connu d’autres expériences… Il faut en tenir compte pour que la magie opère. » Je m’interroge sur ce qu’on appelle « Magie nouvelle » ou « Magie contemporaine ». Son explication : « On cherche de nouvelles manières de toucher le spectateur, non pas en présentant une magie frontale, mais en l’intégrant à d’autres disciplines. Aujourd’hui, par exemple, le cirque intègre souvent la magie. » Marc-Alexandre Brûlé précise que son approche est inspirée de son expérience au Cirque Éloize et de l’esthétique de la compagnie italienne Finzi Pasca.

Le magicien en lui laisse la parole au producteur : « J’ai une super équipe ! Valérie Descheneaux est une musicienne accomplie. Elle a l’expérience de la troupe. Ce qui est essentiel dans ce genre artistique. En plus, elle est habile de ses mains ! Elle peut réparer les petits objets, ce qui est toujours très apprécié ! » Il parle aussi des bonnes idées de Philippe Robert, qui a participé à l’écriture et à la mise en scène, et de Jessica Poirier-Chang, une costumière qui collabore entre autres avec le Cirque du Soleil.

On sait que les spectacles de magie comportent en général un haut niveau de difficultés techniques. La source du trac d’un magicien, ce sont les objets. Parce que oui, chaque objet doit être placé très précisément au bon endroit et, bien sûr, ne présenter aucune défectuosité. Même pas un potentiel de défectuosité ! « Si par exemple la batterie lâche en pleine action, c’est la catastrophe ! » Le temps de mise en place avant la représentation peut être important : cela dépend toujours du nombre de tours présentés et d’objets impliqués.

Avec le temps, Marc-Alexandre Brûlé a développé des routines d’une grande précision pour se préparer ; ces routines font en sorte qu’il se sent bien quand il entre en scène. « Mais ces routines, je m’en rends compte, sont devenues des superstitions ! Je pensais que je n’étais pas superstitieux, mais je le deviens à force de faire des dizaines de fois le même spectacle. » Il raconte qu’une marionnette qui devait être utilisée dans Les Illusionnistes, mais qui n’a pas été gardée dans la mise en scène, suit l’équipe pendant la tournée : « On la sort de sa caisse et on l’installe dans les loges en arrivant dans chaque lieu de diffusion ! »

La magie opère quand on rencontre le lumineux Marc-Alexandre Brûlé : on a envie de le suivre dans son univers vintage, rempli de surprises !