Par Francis Hébert. 2Frères fait peau neuve avec un nouvel album plus personnel que jamais, toujours avec des refrains pop accrocheurs que l’on s’approprie rapidement. Ce sont ces nouveaux morceaux que les deux artistes présenteront sur scène, mélangés avec leurs classiques.

Pour en parler, on s’est entretenu avec Sonny. D’entrée de jeu, on attaque le sujet qui lui tient le plus à cœur, après des mois de travail : le nouveau-né, Science humaine, le cinquième opus original du groupe en carrière, après des débuts retentissants avec Nous autres (2015). Cette fois, les deux frères prennent une direction différente : « C’est le premier album que l’on produit et dont on fait la direction artistique. On voulait aller ailleurs. Se permettre de mettre nos couleurs partout. On n’avait pas de comptes à rendre, on pouvait aller dans toutes les directions. On voulait un album plus profond, peut-être un peu plus imparfait aussi. Il est moins hop la vie. On avait envie d’explorer davantage certains sujets abordés jadis. »

Ça reste fondamentalement la même musique, qui rappelle occasionnellement celle de Kaïn. On chante et on bat du pied en mesure avec eux. On ne sent pas de barrières entre le public et l’artiste : « On a toujours été bien traités par notre maison de disques, mais c’était dans la logique des choses qu’on veuille s’émanciper. On était prêts à prendre notre envol et à assumer la direction artistique, à la fois pour le disque et le spectacle. »

Une fois les charges prises en compte, il fallait aux deux frères se remettre à l’ouvrage : le matériel à mettre de l’avant. « Pour l’écriture des chansons, on a fait appel à des autrices et auteurs ainsi qu’à des compositrices et compositeurs avec qui on a travaillé par le passé, notamment Amay Laoni, Nelson Minville, Marc Dupré, Philippe Besner. »

Il ne faudrait pas oublier leur ami et collaborateur, l’auteur-compositeur-interprète Alexandre Poulin. Sur Science humaine, il signe en solo Mon idole, un des titres les plus frappants de l’opus : « On avait demandé à Alexandre une chanson rassembleuse, pas nécessairement up-tempo, proche de tout ce qui est humain, vrai, authentique. Il est arrivé avec Croire en nous. Elle nous a instantanément plu. Dans la même lignée, il a écrit Mon idole. Dans les paroles, il a glissé un petit clin d’œil à Karl Tremblay des Cowboys fringants quand il évoque à la fin les étoiles filantes. Malgré son jeune âge, Karl était un peu le papa de la jeune génération de folk québécois. Les Cowboys font partie de nos vies depuis tellement longtemps. »

Il y a une autre surprise sur ce nouveau disque : le groupe est allé en Angleterre afin de réenregistrer la chanson Croire en nous à Abbey Road, le fameux studio des Beatles ! Sonny s’avoue « fasciné par la réalisation et la composition, je suis un geek de studios, je passe beaucoup de temps dans le mien à la maison ». C’est lui qui a proposé de faire le tour des lieux mythiques de la musique populaire. « On va se le permettre pour une seule chanson par album, car c’est assez dispendieux. Ç’a été un trip de malades ! On a pu enregistrer dans les mêmes micros que les Beatles ! Les mêmes consoles, compresseurs… C’était fascinant. C’est le même bâtiment qu’à l’époque. »

Retour au Québec, où la tournée des 2Frères est lancée. On pioche allègrement dans le nouveau cd, avec huit ou neuf titres interprétés sur scène. Afin de pimenter un peu les présentations et ajouter de la rigolade entre les chansons, le groupe a fait appel à l’humoriste Simon Delisle. Une large place est également accordée à l’improvisation.

Tout est réuni pour que les 2Frères repartent de plus belle.

Photo Kim Gaudreau