Par Francis Hébert. Après un opus acoustique (Quand ça va ben) diffusé uniquement en numérique pendant la pandémie, le groupe La Chicane est de retour avec un nouvel album, fraîchement paru fin 2024, l’énergique Comme le printemps pis l’automne. Avant le passage du groupe sur scène à Saint-Jean, on s’est entretenu avec le chanteur Boom Desjardins.

« Dans nos chansons, c’est sûr qu’il y a toujours une touche personnelle, on parle de notre propre vie, de nos enfants… Il est beaucoup question d’amour, avec des petites histoires où les gens vont se reconnaître. Et avec les plateformes numériques, on voit que le public écoute nos nouvelles chansons ! C’est un rapport humain entre nous qui se développe, et ça fait plaisir, car on fait ce métier pour ça. On ne fait pas ça pour l’argent, on s’investit beaucoup là-dedans, on y met beaucoup de soi. De nos jours, les artistes deviennent de plus en plus autoproducteurs. Il faut que tu aies vraiment envie que les gens t’écoutent pour t’asseoir et faire tout ce travail. La passion est la même qu’au début. On veut que les gens embarquent dans notre nouveau trip, dans nos nouvelles histoires. On est ben chanceux que ça continue après tout ce temps ! »

En jasant avec Boom Desjardins, on comprend que les fastes années où son groupe allait jouer à Toronto, en première partie des Rolling Stones (grâce à leur producteur commun, prend-il la peine de souligner), sont révolues. Désormais, les artistes reprennent leur carrière en main à une échelle plus artisanale. Au cours de l’entrevue, on mentionne à Boom qu’on apprécie particulièrement une chanson de leur répertoire : l’originale et un peu médiévale Ma louve pis moé. La Chicane ne la chante plus sur scène, mais Boom déclare : « Si tu viens nous voir à Saint-Jean, on va la faire pour toi ! » N’est-ce pas une délicate attention pour aller chercher le spectateur, un à la fois ?

« Moi, je viens de la musique québécoise d’une autre époque : Paul Piché, Beau Dommage… Une partie du public a cette nostalgie, trois générations de spectateurs viennent nous voir. C’est impressionnant de voir ça : les témoignages que nous recevons, les photos qu’on prend avec eux à travers les années. Les gens se rassemblent autour des chansons. Ce sont elles qu’il faut mettre de l’avant. Il faut faire ce métier pour les bonnes raisons. »

Boom ne fait pas la différence entre sa carrière solo et celle de La Chicane, et il affirme que le public non plus. L’harmonie règne au sein du groupe. Pour le nouvel album, il est désormais l’auteur-compositeur principal de la plupart des morceaux. Alors qu’avant, si on le devine correctement, il avait dû se battre pour imposer sa création Calvaire, magnifiquement reprise et transformée plus tard par Safia Nolin.

« Sur scène, on essaie d’être plus joyeux. On a nos chansons-gogo : celles qui brassent, qui sont plus festives. Mais il y a autre chose aussi : j’en ai une qui parle de mon frère qui a perdu son fils de 19 ans, mort du cancer… C’est épouvantable. On la fait en show, mais quand on la joue on ne peut pas faire en plus Tu peux partir. C’est un équilibre à trouver. Les spectacles durent deux heures, et si on coupe certaines chansons, les gens chialent… On a quand même une bonne idée de ce qu’ils veulent entendre et on n’oublie personne. »