14/11/2019
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Par Isabelle Laramée
Les adaptations sont fréquentes en cinéma. Mais la transposition d’une pièce de théâtre au 7e art est plus rare dans ce créneau. Marie-Christine Lê-Huu fait ses premiers pas en scénarisation cinématographique avec Jouliks, réalisé par Mariloup Wolfe. Suivant les traces d’Évelyne de la Chenelière et Michel Tremblay, deux porte-étendards de la pratique du transfert d’écriture des mots en images.
Jouliks veut dire voyou, selon son origine russe. Le film qui est sorti le 1er novembre débute par un fait divers. Deux corps, un couple, sont repêchés d’un trou rempli d’eau. Leur histoire nous est racontée par leur enfant, une petite fille de sept ans prénommée Yanna. On revient alors dans le passé sur ce grand terrain de campagne où vit une petite famille hors convention et qui refuse de se plier au moule de la société. Narré par la petite fille, le récit de Jouliks met en lumière le beau dans la misère, la vie dans le hors-norme.
« Le fait d’avoir l’humour et la justesse du regard d’un enfant pour raconter l'histoire m’a permis de sortir du mélodrame, explique Marie-Christine Lê-Huu, qui avait été en lice pour le Masque du meilleur texte de théâtre lors de création de la pièce présentée en 2005 au Théâtre d’Aujourd’hui. Elle aime cette vie libre et a un regard juste de la société qui tient à imposer les normes et c’est ce qui souvent abime les gens. Elle est fière d’être une jouliks et c’est ça qui sort du misérabilisme. »
L’histoire est en premier lieu une ode à la liberté. Cette liberté est incarnée par la petite, mais aussi par ses deux parents, Zak et Vera. Cette dernière prend soudainement les airs de quelqu’un d’autre à l’arrivée de ses parents en visite pour quelque temps. Ce que Yanna n’accepte pas. « Si tu aimes les gens, tu leur fais assez confiance pour être toi-même devant eux », lui glissera son père à l’oreille. Il n’a pas tort, diront certains.
Une longue adaptation
Pour passer d’une pièce comprenant 10 scènes à un film qui en compte environ 120, l’auteure a travaillé pendant des années à l’adaptation de cette douce histoire. « C’était la première fois que j’écrivais un film, que je voyais les codes. À l’époque, j’écrivais mes pièces avec beaucoup de mots [les actions, mais aussi les sentiments et relations entre les personnages], poursuit celle qui signe le texte de Je cherche une maison qui vous ressemble présentée au Théâtre des Deux Rives en octobre. Jouliks a donc été une œuvre pensée en mots et là je devais penser en images. Beaucoup d’images sont efficaces pour enlever des mots au cinéma. Pas besoin de nommer la peine, par exemple, on la voit. »
Il a aussi fallu placer l’action dans un lieu et une époque. Une étape « inconfortable » pour celle qui est habituée à laisser vivre l’onirisme du théâtre. « J’avais l’impression de fermer des espaces dans l’imaginaire des spectateurs. Puis, je me suis dit que si le transfert du contenu de la pièce devait se faire en images, il fallait que ça respire. Rapidement, j’ai vu les cadres larges pour filmer les personnages et la maison dans son paysage qui évoque la solitude et qui respire en même temps. »
Cette signature visuelle qui habitait déjà le scénario, Mariloup Wolfe l’a conservée et a fait un superbe travail, table la scénariste qui n’a que de bons mots pour la collaboration avec celle qui signe la réalisation de son deuxième long-métrage après Les pieds dans le vide. « J’ai eu de la place jusque dans la salle de montage, raconte-t-elle. Je savais que je pouvais donner mon avis et qu’à partir de là, elle allait prendre les décisions. C’est une trooper. Elle n’est pas en train de défendre un égo dans un projet, mais le projet. J’ai été choyée. »
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