Par Francis Hébert. Pour saluer l’œuvre de Sylvain Lelièvre, Joe Bocan s’entoure de Florence K, Martin Théberge et Thierry Larose dans un spectacle intitulé Qu’est-ce qu’on a fait de nos rêves ? une chanson-phare qui éclaire son répertoire : On rêvait de changer le monde / Est-ce le monde qui nous a changés ? / L’espoir qu’on semait à la ronde / Aujourd’hui nous semble étranger…

Sylvain Lelièvre ne craignait pas les couplets qui faisaient chantonner les foules : Petit matin, Marie-Hélène… Et même les plus intimes comme Toi l’ami ou la splendide Le fleuve sont suffisamment mélodieuses pour qu’on les retienne avec le cœur. En 1978, il publiait son album le plus fort qui débutait par un hommage à Jack Kerouac et se poursuivait plus loin avec sa classique Lettre de Toronto.

Joe Bocan signe la mise en scène du spectacle, en plus d’y chanter. Au téléphone, elle nous parle du chanteur décédé en 2002 : « Un peu comme tout le monde, j’adorais des chansons de Sylvain Lelièvre, mais je ne peux pas dire que je connaissais toute son œuvre. J’ai découvert des chefs-d’œuvre, je suis tombée en amour avec cet homme, un artiste impressionnant. J’aimerais qu’il revienne sur la planète, pour être amie avec lui. Heureusement, j’ai eu la chance de me lier d’amitié avec sa famille, qui est tout aussi extraordinaire. »

Pour préparer cet hommage, Joe Bocan s’est plongée dans les disques, mais aussi les livres et les entrevues du chanteur : « Je voulais faire connaitre son œuvre, même les chansons méconnues. Des spectateurs viennent nous voir en disant qu’ils découvrent des chansons magnifiques. Mais on reprend aussi tous ses succès… On voulait présenter l’humain, son engagement social. C’était un surdoué. À l’école, il était tellement bon qu’il aidait tout le monde. Et plus tard, il a aussi aidé les jeunes qui commençaient dans le métier. Il était généreux. »

Lelièvre était un féru de jazz, on ne sera donc pas surpris de voir un quatuor sur scène pour accompagner les interprètes : Jean-Fernand Girard (aux arrangements, piano et chef d’orchestre), Mike Pucci (guitare), Stéphanie Labbé (multi-instrumentiste) et Patricia Deslauriers (contrebasse). Côté interprètes, Martin Théberge avait déjà consacré tout un disque à Lelièvre et son spectacle avait été mis en scène par Bocan. Florence K et Thierry Larose complètent la bande. Ce dernier était déjà un amateur de l’œuvre de Lelièvre avant de faire partie de la distribution, et ce même s’il était seulement enfant quand Lelièvre nous a quittés.

« Dans le spectacle, on diffuse aussi des petits bouts d’entrevues radio de Sylvain, une manière de le faire connaitre autrement. Ces moments sont accompagnés de quelques photos qui sont projetées, lui sur scène, en famille… Tout ça dessine son portrait sur plusieurs niveaux. Son accompagnateur Jean-Fernand Girard disait de Sylvain qu’il était lumineux. C’était un passeur. »

Tout ce travail pour remettre Sylvain Lelièvre au-devant de la scène, que ses chansons renaissent, se propagent, que l’on recommence à se demander ce qu’on a fait de nos rêves, les collectifs, les plus intimes.