Par Francis Hébert. L’orchestre classique québécois I Musici a quatre décennies au compteur. Dans son nouveau spectacle, il propose la soirée thématique Danses autour du monde, où ce sont nos oreilles qui voyageront au son de Bartok, Brahms, Schubert, Srauss, sans oublier André Gagnon. Son chef Jean-François Rivest en explique les contours.

« Le fondateur de I Musici de Montréal avait la vision d’un orchestre de chambre, à cordes, de très haut niveau. Ce n’était pas courant à l’époque dans le monde, et son vis-à-vis était le I Musici de Rome ! Il voulait propager partout sur la planète un répertoire avec fougue, verve et passion. Quand je suis rentré en poste en 2021, l’orchestre avait déjà une trentaine d’années derrière lui, mon mandat c’était de diriger sa destinée, son évolution. Je suivais le travail de l’orchestre depuis sa fondation, ce sont tous des amis et il y a même des musiciens qui jouaient aussi avec moi. Juste avant que je n’arrive, sous l’impulsion du deuxième chef après le décès du fondateur, on faisait des choses formidables mais qui s’éloignaient un peu de sa nature première avec l’ajout de vents. Mon mandat était de revenir à l’orchestre à cordes. »

Professeur de musique tout juste retraité de l’université, Jean-François Rivest ne range pas pour autant sa baguette. Il continue aussi les projets avec des chanteurs populaires. On se rappellera que c’est lui qui pilotait le spectacle symphonique de Michel Rivard (2008), dont on retiendra la magnifique version de J’aimais l’hiver. Il convient avec nous que c’est sans doute leur plus grande réussite commune.

« Je crois beaucoup à la collégialité. Les humains sont plus performants quand ils sont consultés. Dans I Musici, j’ai un comité artistique. Je consulte mes musiciens. Je fais des sondages, je prends leurs suggestions. Oui, je fais à ma tête, mais je tiens beaucoup compte de leur opinion. Danses autour du monde fait partie des programmes que je fais qui permettent à un public plus large d’avoir du plaisir sans que ce soit trop compliqué. Tous les âges y trouvent leur bonheur. Ce ne sont pas des pièces trop longues », explique celui qui est également pilote d’avion. Le sien a son port d’attache à Saint-Jean-sur-Richelieu. Rivest tient à préciser qu’il connait et apprécie notre ville.

Mais revenons au nouveau concert. Il poursuit : « Dans toutes les musiques du monde, il y a toujours des danses quelque part. Les humains ont toujours dansé. Il y a moyen de faire un programme à la fois lié par une thématique tout en étant très varié : en Allemagne, avec la valse, les danses hongroises de Brahms ou des danses un peu folles comme le tango argentin. Il y a de la très très belle musique inspirée par les danses du monde. Mais c’est un concert. » Ça ne se transformera pas en piste de danse ! Que les mélomanes se rassurent !

« Une des beautés et un des traits du musicien moderne, c’est la polyvalence. C’est ce que j’ai toujours enseigné. » Jean-François Rivest quitte les rangs d’école, mais vous le retrouverez longtemps derrière un pupitre, une baguette aux doigts, avec un rêve d’aviation derrière la tête. Écoutez-le s’envoler.

Musique baroque. Chef : Jean-François Rivest. Interprétation : Musiciens et musiciennes d’I Musici de Montréal. Production : I Musici de Montréal. Durée : 1 h 10, sans entracte.