Par Valérie Legault.  L’art clownesque, c’est bien plus que de faire rire les spectateurs par ses maladresses. Pour connaitre toute la gamme des émotions que peuvent vous transmettre deux clowns tout aussi attachants l’un que l’autre, suivez Jean-Félix Bélanger et Rémi Jacques dans l’univers de Glob, un éloge à la lenteur réconfortant en cette époque où la vie file à cent à l’heure.

Le spectacle de la compagnie Les Foutoukours roule sa bosse depuis 2019. À ce jour, Jean-Félix Bélanger et Rémi Jacques l’ont présenté 250 fois dans cinq pays différents !

Glob propulse deux êtres dans un univers qui leur est totalement inconnu. Pas à pas, chacun des deux personnages apprend à découvrir son environnement ainsi que l’autre qui occupe le même espace que lui. Seront-ils capables de retourner dans leur monde ? « C’est un peu comme s’ils étaient pris dans une boule de verre où la neige tombe quand on la secoue », illustre Jean-Félix Bélanger.

Ce sentiment de dépaysement mêlé de bien-être, le clown l’a très bien ressenti lors d’une tournée de spectacles en Scandinavie. Il se trouvait en Norvège en plein été avec Rémi Jacques, son partenaire de scène, quand il a découvert la magie du soleil de minuit. « Il faisait encore clair quand nous sommes sortis d’un spectacle, vers 23 heures. La ville était tellement calme ! s’exclame-t-il. Malgré le mois de juin, on pouvait voir les montagnes enneigées au loin. C’est ce sentiment qui est à l’origine de Glob. Nous voulions recréer cet effet paisible, comme une bouffée d’air frais. Notre défi a consisté à créer un éloge de la lenteur qui reste captivant. »

Pari réussi, M. Bélanger. Pour le public, l’effet de surprise est total, au point où il retombe littéralement en enfance. Tous comprennent le langage universel des clowns malgré l’absence de paroles. « C’est une question de ressenti. Il y a de grandes émotions vécues à travers le spectacle, des conflits aussi. Je dirais même que les réactions les plus fortes proviennent des adultes. J’ai vu des parents pleurer tellement Glob les avait chavirés. Ils ont été étonnés de s’être laissés attraper par l’histoire. »

Se produire sur la scène du Pôle culturel de Chambly, dans sa région natale, représentera un moment bien spécial pour Jean-Félix Bélanger. « Ce sera pour moi l’occasion de ramener à la maison tout le chemin que j’ai parcouru », souligne celui qui s’est fait connaitre à la finale locale de Cégeps en spectacle, au Théâtre des Deux Rives. Ses souliers ont beaucoup voyagé depuis ce concours où il a séduit le jury avec son diabolo !

Cette expérience inoubliable lui avait confirmé qu’il gagnerait sa vie avec son instrument fétiche. Jean-Félix Bélanger a appris à le manier dans la Troupe de cirque et théâtre Mini-Maxi, à Saint-Jean-sur-Richelieu. Mais de là à devenir clown ? Un jour, son talent d’acrobate a attiré l’attention de Rémi Jacques, celui avec qui il partagerait la scène plus tard.

C’était à La Caserne, une salle d’entrainement libre où convergent plusieurs artistes de cirque à Montréal. « Rémi m’a vu travailler de loin et m’a offert un premier contrat, raconte le jeune homme de 32 ans. La connivence s’est développée entre nous et j’ai fini par prendre de plus en plus de place dans sa compagnie Les Foutoukours. J’en suis le codirecteur aujourd’hui. »

Les deux entretiennent un amour commun pour l’art clownesque et ses codes bien précis. « Nous sommes très exigeants envers nous-mêmes. Sur scène, nous formons le duo parfait parce que nous sommes tout à fait différents. C’est l’une de nos grandes forces. »

Devenir clown ne s’apprend pas du jour au lendemain, au contraire. « C’est un art très complexe qui prend beaucoup d’années à maitriser, insiste Jean-Félix Bélanger. Ça demande une certaine expérience de vie et une grande ouverture à vouloir travailler sa vulnérabilité. En réalité, un clown est très proche de qui tu es vraiment. » Pour lui, nul doute que l’art clownesque gagne à être plus connu du grand public, ne serait-ce que pour se rapprocher de ses émotions et de ses travers avec amour, douceur et bienveillance.

Glob
23 février 2025 à 10 h et 16 h
Salle Emma-Albani
Pôle culturel de Chambly

Photo André Chevrier