Par Francis Hébert. Garou est de retour sur les routes du Québec pour la première fois en dix ans. Lorsque le premier confinement est arrivé en mars 2020, il voyageait de la Russie vers l’Ukraine, il y a fait un dernier spectacle et s’est hâté de rentrer à la maison. Depuis, c’est dans sa grange en Estrie qu’il s’est installé pour concocter cette tournée intimiste.

Au menu, ses vieilles chansons, quelques nouvelles et des extraits de son récent disque consacré au répertoire d’un chanteur qui fait partie de nos vies depuis des décennies : « Pour faire l’album sur Joe Dassin, j’étais crinqué, car ça s’est décidé pas mal à la dernière minute. J’ai décidé de tout enregistrer dans ma grange ! Tout le monde me disait que c’était bon pour répéter, mais que ce n’était pas un studio ! Alors on l’a aménagée, avec une régie. On revenait d’une tournée en Europe, il restait deux jours avant les vacances de la construction, on n’avait pas fini l’installation que le band était déjà là ! On a appelé ça Joue Dassin, pour le jeu de mots avec Joe Dassin. »

Garou y interprète des grands succès comme À toi, Siffler sur la colline, Salut les amoureux, L’Amérique. Plus inattendu, il y reprend Les plus belles années de ma vie, une méconnue qu’il chante en duo avec Robert Charlebois : « Il était perplexe quand je lui ai proposé ça, car il ne connaissait pas la chanson. Il l’a écoutée et il a capoté. Chaque phrase du texte le touchait directement comme s’il l’avait écrit lui-même. » Garou avait aussi apprécié la reprise que Patrick Norman avait faite il y a quelques années avec Dans la brume du matin< en version country-folk.

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Pour la tournée et le disque original à venir, tout a donc été fabriqué dans sa grange. « Dans le nouveau spectacle, je vais chanter quelques morceaux de Dassin ici et là, parcimonieusement. Quand on répétait avec les musiciens, on jouait en mode dépouillé. Assez roots. Je voulais que ce soit spontané. J’étais à peine préparé. Je suggérais au fur et à mesure : OK on essaie celle-là, on la revire de bord… Par exemple, Passe ta route devient très country. Sous le vent, Seul et La rivière de notre enfance, hyper folk. C’est un show plutôt homogène. C’est la première fois que je fais ça, j’ai un peu peur. Tout tient sur ma guitare et je ne suis pas guitariste ! », rigole-t-il nerveusement au bout du fil. « Tout le groove va tenir là-dessus, on n’a pas de machines. Il faut que ça bouge. Alors je me suis remis à pratiquer la guitare; j’ai plus de corne que je n’en ai jamais eue ! »

Garou reste très fidèle et soudé à ses proches collaborateurs : musiciens, directeur musical, etc. « Sur scène, je peux partir dans des délires, de l’improvisation, des blagues… Alors il faut que je travaille avec des gens qui me connaissent bien. J’ai mis tout le monde sur une ligne en avant. Deux à ma droite, deux à ma gauche. On se regarde pendant tout le show. On tripe musique, ça devient contagieux avec les spectateurs. »

Nous voilà prévenus, mais Garou pourrait encore nous surprendre avec ce virage au plus près des racines.

Garou
3 mars 2023 à 20 h
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives

Photo EcranDart