Par Marie-Pier Gagnon.  Imaginer sauter dans le vide… sans parachute. C’est l’aventure dans laquelle s’est lancé le comédien Frédéric Blanchette en joignant la production LNI – L’usine du théâtre potentiel. Une idée originale où le public décident de l’histoire que cinq artistes improvisateurs doivent créer sous leurs yeux.

Commençons par clarifier le concept. La production LNI – L’usine du théâtre potentiel n’a rien d’une pièce de théâtre conventionnelle. Au début de la représentation, le public est invité à répondre à quelques questions pour déterminer les éléments dramaturgiques et scénographiques de l’histoire qui prendra vie sous leurs yeux.

Entrent ensuite en jeu cinq comédiennes et comédiens : Frédéric Blanchette (Plan B), Mathieu Lepage (5^e rang), Marie Michaud  (Mémoires vives), Joëlle Paré-Beaulieu (Six degrés) et Simon Rousseau (L’Heure bleue). À partir des réponses fournies par le public et bien guidés par un algorithme qui impose des contraintes liées à celles-ci, ils développent une histoire en improvisant. Sans filet, sans texte. Chaque représentation est donc unique.

Pour Frédéric Blanchette, c’est une première. Figure bien connue du théâtre québécois (auteur, metteur en scène et comédien), que ce soit pour ses performances à l’avant ou à l’arrière-scène, il n’a jamais fait d’improvisation. C’est d’ailleurs le seul membre de la distribution qui n’a pas brillé sur les planches de la LNI. Cela ne l’a pas empêché de relever le défi.

« C’est le projet le plus stressant de toute ma vie. Quand François-Étienne Paré [idéateur et metteur en scène] m’a approché, j’ai hésité. Je lui ai dit que ça se pouvait que je choke, que ce ne serait peut-être pas pour moi. Mais en même temps, j’ai senti l’appel d’aller jusqu’au bout. En art, la peur peut être une bonne motivation. Quand on a peur, c’est qu’on a quelque chose à aller découvrir. »

Le projet a pris forme étape par étape avant d’être présenté pour la première fois au public à Montréal pour ensuite avoir un deuxième souffle en partant en tournée. Avec le recul, l’artiste constate que tout est une question de confiance. Avec le public, bien sûr, mais surtout entre les comédiens. « Et je suis entouré d’improvisateurs chevronnés », souligne-t-il fièrement.

Jusqu’à maintenant, il a d’ailleurs vécu toutes sortes d’expériences avec eux. « Un soir, t’as beau mettre le doigt dessus, le lendemain ça peut être différent. Il y a trois ou quatre représentations où je me serais poussé en courant ! », nous dit-il avec humour et humilité. Mais il ne l’a pas fait. C’est ce qu’il aime de cette production. L’inattendu.

Rendre l’art vivant

LNI – L’usine du théâtre potentiel puise ses bases dans le théâtre contemporain. Cela permet une grande variété de tons allant de l’humour au drame sans oublier les nombreuses orientations : théâtre d’exploration, documentaire, de performance, de création… les directions possibles sont nombreuses, ce qui ajoute à la beauté du concept.

Le théâtre contemporain permet aussi de transporter le public dans l’onirique. L’un des défis des comédiennes et comédiens sur scène est de vous amener dans cette zone un peu floue où les intrigues ne sont pas entièrement dévoilées pour laisser place à votre imagination, à votre compréhension. Mais pour ça, il leur faut trouver le juste équilibre sans quoi l’histoire aura l’air incomplète.

Comme dans la vie. « Le théâtre est un art vivant et il faut que ce soit ça tout le temps. Que le moment présent demeure quelque chose d’imprévu et qu’on ait la conviction qu’on ne sait pas exactement ce qu’il va se passer. C’est ce qui fait que le théâtre peut être magique », de conclure Frédéric Blanchette.

Alors, quelle histoire prendra vie sur les planches du Théâtre des Deux Rives en janvier ? Vivrons-nous une grande histoire d’amour ou plongerons-nous dans une enquête policière ? Rirons-nous aux larmes ou verserons-nous quelques larmes ? Une chose est certaine, c’est à nous de décider du ton de notre soirée !

LNI – L’usine du théâtre potentiel
17 janvier 2025 à 20 h
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives

Photo Daniel Desmarais