15/11/2019
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Par Sara Thibault
Avec CorresponDanse de guerre, les artistes johannais Thomas Hogson et Françoise Dancause mettent en scène la correspondance d’Eugène Mackay Papineau, un des premiers officiers à l’origine du Royal 22e Régiment. L’Entracte a cherché à en savoir un peu plus sur ce projet pluridisciplinaire qui allie le théâtre, la danse et les technologies numériques.
C’est une série de coïncidences qui a amené Dancause et Hogson à travailler sur des écrits de guerre. Ils s’y sont d’abord intéressés dans le cadre d’une activité organisée par les bibliothèques, puis ils ont eu envie de créer un projet à partir de véritables correspondances. Ils ont alors approché le musée du Fort Saint-Jean et ont fait un appel à la population : « On se disait que Saint-Jean étant une ville garnison, des familles avaient peut-être conservé de vieilles lettres de génération en génération. » Toutefois, les deux artistes se sont heurtés au fait que dans la plupart des cas, les familles avaient conservé uniquement les lettres qu’elles avaient reçues, et n’avaient jamais pu récupérer les lettres qui avaient été envoyées aux soldats au front.
Voir le Grand rendez-vous artistique
C’est à ce moment que le musée du Fort Saint-Jean leur a parlé d’Eugène Mackay Papineau : « On a mis la main sur un vrai trésor ! On a découvert la correspondance complète de ce soldat dans les archives de la Bibliothèque des Archives nationales de l’Université Laval. On ne pensait pas trouver autant de matériel. »
Pendant un an, Françoise et Thomas ont retranscrit des lettres dont la plupart ont près de 100 ans : « Il y a eu un gros travail de défrichage à faire au début. Il a fallu lire environ 300 lettres de cinq à six pages chacune, puis choisir les extraits qui se retrouveraient dans le spectacle. » Le duo a aussi fait des recherches sur le contexte sociologique des militaires au front, ainsi que sur les Québécois restés dans l’attente. Rapidement, Françoise et Thomas se sont rendu compte que les lettres comportaient beaucoup de non-dits, surtout dans le contexte militaire où la vie des soldats au front est constamment menacée : « Souvent, ils protégeaient leur interlocuteur en cachant des informations. La danse nous permet de combler les trous. Ce qui n’est pas écrit dans la lettre, la danse le représente. »
Le dispositif du spectacle implique des technologies numériques développé par la Société des arts technologiques (SAT) et sera présenté sur deux scènes en même temps. Grâce à la téléprésence, il est possible de montrer au public d’une salle ce qui est présenté dans l’autre : « Dans une salle, le public vit la situation de la famille en direct, et voit ce qui se passe sur le front grâce à une retransmission virtuelle. Dans l’autre, c’est le contraire. Cela veut dire qu’on peut se permettre de faire des contenus exclusifs dans chacune des salles en ciblant avec la caméra ce que l’on veut montrer. On peut donc voir le spectacle deux fois, sous deux angles différents ! »
Par ailleurs, Thomas et Françoise pensent déjà à la manière dont le spectacle pourrait vivre de manière autonome, en milieu muséal par exemple, dans une formule exclusivement numérique : « CorresponDanse de guerre, c’est une œuvre tentaculaire. On sait déjà que l’on n’arrivera pas à mettre tout le contenu que l’on a ramassé dans le spectacle, mais une exposition muséale pourrait nous permettre d’aller encore plus loin dans ce sujet-là et de l’exprimer de façon différente. »
Le spectacle devrait être créé vers la fin 2020 ou début 2021. La conférence que les artistes donneront le 1er décembre prochain sur leur processus de création promet d’être passionnante et permettra de mesurer tous les défis que posent une telle production d’avant-garde tout en constatant les nouvelles possibilités qu’offrent les arts numériques.
Photo : Jessyca Viens-Gaboriau
CorresponDanse de guerre
1er décembre 2019 à 15 h
Cabaret-Théâtre du Vieux-Saint-Jean
Places réservées
Lors de ce Grand rendez-vous artistique, les créateurs pluridisciplinaires discuteront des défis d’une telle production d’avant-garde et des nouvelles possibilités qu’offrent les arts numériques.
30, boulevard du Séminaire N.,
Saint-Jean-sur-Richelieu, QC
J3B 5J4
Du lundi au samedi de 10 h à 18 h.