Par Yves Mallette. Avec son humour absurde, mais facile d’accès, François Bellefeuille revient sur scène en rodage de son troisième spectacle. Tout passe encore par son personnage de scène qui est aussi hystérique et enfantin que charmant et très drôle, ce qui lui permet de surprendre le public avec des propos enrobés d’une bêtise… intelligente.

François Bellefeuille précise toutefois que dans la sphère privée, il n’est pas toujours à vif : « Le personnage que j’incarne, c’est un style. C’est juste une manière d’être sur scène. C’est une version de moi plus énergique et plus punchée. » Toutefois, ce personnage aussi attachant que colérique s’ajuste avec le temps. Il garde son essence du début tout en étant plus modulé.

Du même coup, ce personnage gagne en efficacité en raison de l’expérience de son créateur. « Il y a plus de variantes dans ma façon de livrer. J’ai moins peur du silence qu’avant, mais je reste quand même crinqué sur scène. Ceux qui ont aimé ce que j’ai fait dans mes spectacles précédents ne seront pas désorientés », affirme l’humoriste.

L’angle choisi

Invité à divulguer des sujets abordés dans sa prestation, M. Bellefeuille avoue qu’il ne sait jamais quoi répondre à cette question, surtout qu’il n’a pas l’impression que les gens choisissent leur spectacle d’humour en fonction des sujets qui sont présentés.

Il préfère parler de l’angle avec lequel il présente ses thèmes. « Quand je parle de l’obésité de mon chat, ce n’est pas juste des blagues gratuites sur mon chat. Il y a un deuxième niveau concernant notre rapport à l’obésité. Quand je parle de certains trucs vécus avec mes enfants, ça en dit beaucoup plus sur la société actuelle, par rapport à l’enfance que j’ai vécue. J’en parle avec un angle que je trouve original. »

Si M. Bellefeuille hésite à dévoiler ce dont il parle, c’est qu’il mise sur l’effet de surprise : « J’entreprends une espèce de conversation avec le public où un sujet en amène un autre sans que les gens s’en rendent compte. »

En général, il s’inspire de sa vie sans la raconter. Tout part d’une chose vraie, mais il se permet d’extrapoler et de travailler ce vécu comme on travaille de la pâte à modeler. Il touche à plein de sujets, toujours en rapport avec une vision personnelle caractérisée par un mélange d’aberrations et de prosaïsme.

« Ce qui me réjouit le plus, ajoute-t-il, c’est quand je suis capable de trouver le numéro qui va habiter les gens pendant un certain temps. C’est ce à quoi j’aspire, mais ça prend du rodage pour être capable d’en arriver là. »

Justement, le spectacle s’intitule En rodage de nouvelles affaires. Cet intitulé temporaire, François Bellefeuille le justifie en disant que les gens doivent savoir qu’il s’agit d’un spectacle en construction.

Cependant, ce rodage ayant été amorcé il y a quelques mois, M. Bellefeuille affirme que le spectacle sera très avancé lors de sa visite au début décembre. Déjà, les spectateurs lui disent que ça ne parait pas que c’est du rodage. Mais jusqu’à la première médiatique, le perfectionniste se donne le droit de s’améliorer en retravaillant « des détails à peine perceptibles ».

François Bellefeuille est convaincu que si les spectacles d’humour sont devenus plus efficaces, c’est que la phase du rodage a pris plus d’importance. « En humour, c’est impossible d’écrire un spectacle chez soi sans travailler notre matériel devant les gens. En rodage, le spectacle m’habite jour et nuit. Ce qui me fait le plus vibré, c’est de trouver une nouvelle blague qui fonctionne », affirme l’ex-vétérinaire. Après la première, il ne touche plus à rien.

S’il trouve le rodage si stimulant, l’auteur de la série Temps de chien ne s’ennuie pas pour autant quand le spectacle atteint sa version définitive : « Je me concentre alors à livrer le spectacle le mieux possible pour les gens qui ont acheté des billets. Il n’y a jamais rien de plate quand la foule se dilate la rate dans la salle. Mon bonheur est toujours alimenté par cette connexion avec les gens qui décrochent en s’amusant. Le public est l’élément clé de ma motivation. »

Bref, François Bellefeuille a toujours autant de plaisir sur scène, peu importe le nombre de représentations au compteur.