Trois Accords fouleront les planches johannaises avec un cinquième album en poche, le coloré Joie d'être gai, de la vitamine pop-rock pour ensoleiller l'hiver. On s'entretient avec le batteur du groupe, Charles Dubreuil, afin d'expliciter un peu la démarche des camarades.

Avec Les Trois Accords, on se baigne aux sources du kitsch, du rigolo, du clin d'oeil. Il n'y a qu'à lire le titre à double sens du cinquième opus: la joie d'être gay, aurait-on pu écrire, puisqu'on y aborde le thème de l'homosexualité. La pochette mauve, avec une licorne, un dauphin et un arc-en-ciel, annonce une musique Nouvel-Âge, un apaisement, qui n'a rien à voir avec la décharge électrique des nouvelles pièces... Le quatuor québécois s'amuse encore.

L'album a été fabriqué sous la houlette de Gus van Go, Werner F et le parolier et chanteur Simon Proulx. D'une voix grave et lente, Charles Dubreuil dévoile l'envers du décor: «Il y a beaucoup d'histoires dans ces chansons-là: magnifiques ou tragiques, comme dans Les dauphins et les licornes, deux personnes qui ne sont pas capables de s'avouer leur amour l'une à l'autre. Mais à la base, quand Simon arrive avec les textes, c'est moins clair, c'est plus littéraire et poétique. Les autres membres du groupe, on le réoriente vers un devoir de clarté.»

Gus van Go avait une idée en tête pour Les Trois Accords et il revenait à la charge encore une fois: «Il voulait qu'on fasse un album ultra rock. Pour le disque Dans mon corps, on était plus dans la vibe Motown, Otis Redding... J'aime ta grand-mère était un peu la suite de ça... Là, pour le nouveau, c'était le moment: il est très Nirvana, Smashing Pumpkins, la grosse guitare... Mais pour arriver à ce son-là, c'est beaucoup plus de travail qu'on ne pensait. On a vraiment pogné un mur en studio. Il ne fallait pas que les guitares sonnent cheezy, il y a tellement de monde aujourd'hui qui fait de la musique faussement pesante... Mais pour avoir le son qu'on voulait, et le faire avec goût, ç’a été énormément de travail.»

Comme les deux précédents opus, Joie d'être gai a été en partie enregistré à New York. Pourquoi avoir choisi la Grosse Pomme? «Il y a une question de coûts. Gus et Werner ont leur studio là-bas. On n'est pas à Manhattan dans un gros hôtel... On est dans un demi-sous-sol, et on enregistre dans un studio d'à peu près 200 pieds carrés... C'était une petite place mais au niveau économique, c'est intéressant pour nous. Les gens savent qu'on est là-bas pour des semaines, on se fait moins texter, moins appeler, moins solliciter par courriels. C'est vraiment une retraite fermée créative. Entre les séances d'enregistrement, on se promène en ville, on va boire des bières. C'est un rythme de vie qui est super cool pour créer.»

Mais tout ce boulot mène à la scène, et c'est là que Les Trois Accords semblent s'éclater le plus. Ils sont toujours en spectacle, au Québec ou en Europe. Du propre aveu de Dubreuil, il y a également une raison financière à cela: en tournant beaucoup, ça leur permet de gagner leur vie sans vendre leur répertoire pour de la publicité, par exemple. «En festival, le spectacle est tight: peu d'interventions, beaucoup de musique. En salle, c'est autre chose: Simon s'adresse plus aux spectateurs. On fait plus de chansons relax, de fans, de B Sides,… Des longues tounes rock de six minutes...» Vous voilà prévenu.

www.lestroisaccords.com 

Les Trois Accords seront en spectacle le 21 janvier prochain au Cabaret-Théâtre du Vieux-Saint-Jean 

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Par Francis Hébert