Par Francis Hébert. « Petite nature », Émile Bilodeau ? C’est du moins le titre de son troisième album encore tout chaud. Mais si l’on se fie à ses projets et à son chant vitaminé, il est loin de vivre au ralenti. Il est d’ailleurs sur scène dans la région deux fois plutôt qu’une, à Chambly qui affiche complet et en supplémentaire à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Émile Bilodeau a la mi-vingtaine, mais il semble en décalage avec les artistes de son âge. Il défend la souveraineté du Québec avec conviction, il chante les beautés du territoire, en chansons comme en entrevues : « J’ai commencé à écrire vers seize ou dix-sept ans et je n’ai jamais arrêté depuis, c’est vraiment un métier que j’aime. J’avais le goût de partager mes opinions et l’amour de la rime, des mots : un chemin à suivre. J’écoutais beaucoup Les Colocs, Félix Leclerc, Beau Dommage, La Bolduc. Ma famille vient de Chicoutimi, alors quand on y allait, c’était cinq heures de route pour se rendre, cinq heures pour rentrer. On entretenait ça avec de la musique. »

Voir Émile Bilodeau

Bilodeau en a justement gardé le goût pour les cd, que l’on peut écouter en voiture. Il continue à en acheter. Plume Latraverse, avec son humour et son anticonformisme délirant, faisait-il partie de ses (mauvais) compagnons de route ? « Oui ! Vraiment ! Il n’a jamais eu peur d’y aller avec une forme un peu plus brutale, une proposition dérangeante. Mais il est capable de donner beaucoup de beauté à la pauvreté, par exemple (Les pauvres), aux gens moins chanceux. Il leur donne un peu de lumière. »

Ce souci des autres, des problèmes de la société actuelle, Bilodeau y est également sensible et ça se ressent dans ses propos, dans ses textes. On sent qu’il aspire lui aussi à offrir de la « lumière » aux gens, aidé par sa guitare. « Dans le combat pour l’indépendance du Québec, il y a eu plusieurs stratégies : les Patriotes, la Crise d’octobre, les deux référendums. Je veux qu’on revienne aux arguments : on a une langue commune, un territoire qui – sans dire que c’est le plus beau de tous – est quand même assez défini, avec l’Abitibi, les lacs, les fjords du Saguenay, ses grandes forêts, le fleuve, les iles de la Madeleine… » Et il continue, il explore les coins du pays…

Et pour le parcourir, il chante. À l’automne, il sortait son troisième disque, aux arrangements plus étoffés que l’on doit à Philippe Brault, le réalisateur prisé de la pop québécoise. « Il avait réalisé beaucoup d’albums qui m’avaient plu. Plus récemment, il a fait le disque Pourchasser l’aube de Caroline Savoie et j’ai vraiment aimé la texture, l’espace musical… Brault, c’est aussi un bassiste extraordinaire. Il a compris ce que je voulais, je n’ai pas fait trop de compromis dans les structures et dans les paroles. Pour les arrangements, je lui chantais ce que j’entendais et il avait la capacité de l’écrire sur une partition, glisse-t-il en rigolant doucement. Officiellement, c’est lui, mais ça a été un beau travail d’équipe. »

Outre la chanson-titre, qui clôt de belle manière le disque, deux titres ressurgissent davantage. « Nounou parle de l’amitié déchue, de la perte de certains amis. Je pense que les gens vont s’y retrouver. Et Ours polaire, avec son clin d’œil à La complainte du phoque en Alaska. »

En entrevue, Émile Bilodeau avait déjà confié qu’il rêvait de réinterpréter le répertoire de Félix Leclerc, mais aujourd’hui, il pencherait plutôt pour celui de Raymond Lévesque. Mais tout ça devra attendre, car il a déjà terminé son quatrième et son cinquième album, qui devraient paraitre aux automnes 2022 et 2023 ! En attendant, c’est sur scène que l’on va le retrouver. Et ce vieil air de Plume revient en tête : Vivre dans une valise…

Plus d'infos : emilebilodeau.ca

Émile Bilodeau
7 mai 2022 à 20 h
Cabaret-Théâtre du Vieux-Saint-Jean

13 mai 2022 à 20 h - COMPLET
Pôle culturel de Chambly
Places réservées

Cette entrevue a initialement été publiée dans l'édition de mai 2022 du magazine l'Entracte de la SPEC du Haut-Richelieu. Pour consulter l'inégral, cliquez ici.