07/02/2024

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Édith Paquet : Un exercice d’empathie

Par Jennifer Tremblay. « En travaillant avec des artistes que j’admire, j’ai appris à ajouter des dimensions à mon travail de comédienne. Ça me permet de l’approfondir ! » dit Édith Paquet, après avoir énuméré, à ma demande, ce qui l’a occupée depuis le début de sa carrière, à sa sortie de l’école en 1997.

La comédienne et dramaturge monte régulièrement sur les planches, joue à la télévision, suit présentement une formation de scénariste pour la télévision. Elle m’apprend, dans le même élan, qu’elle est aussi violoniste.

Dans la pièce Le Nœud, Édith Paquet interprète un rôle qui lui demande énormément, tant physiquement que psychologiquement : « Je reçois des coups, d’une certaine façon. Même si les échanges ne sont que verbaux. Après le spectacle, je suis très tendue. Il me faut du temps pour défaire le nœud… dans mon dos ! »

Un garçon de onze ans s’est suicidé. À qui la faute ? La mère se rend à l’école pour rencontrer l’enseignante qui, quelques jours plus tôt, a vécu une confrontation avec l’élève. « L’enseignante est une ancienne publicitaire qui s’est recyclée dans l’éducation, poursuit-elle. Elle n’enseigne que depuis deux ans. C’est son point faible. La mère du garçon mène une brillante carrière de professeure de littérature à l’université. Ce sont deux femmes fortes. Deux reines qui vivent une tragédie. »

La pièce nous pousse à réfléchir : qu’aurions-nous fait à la place de l’enseignante ? À la place de la mère ? « C’est un exercice d’empathie. Souvent, les spectateurs y pensent pendant des jours après la représentation… ce n’est pas si facile de défaire le nœud ! »

Le propos de la pièce fait surgir des questions que la majorité des parents se sont un jour posées sur les enseignants à qui ils confient leurs enfants. De leur côté, les enseignants portent des responsabilités énormes, qui parfois débordent de ce qui devrait être considéré comme leur devoir. Une chose est certaine, l’éducation exige qu’il y ait un consensus autour de cette interrogation fondamentale dans toute société : « Quel genre de citoyens et citoyennes veut-on faire de nos enfants ? »

Si elle compte plusieurs œuvres à son répertoire, c’est néanmoins la première fois qu’un texte de l’États-Unienne Johnna Adams est monté au Québec. La pièce est tombée entre les mains d’Édith Paquet alors qu’elle effectuait des recherches à la bibliothèque de l’École nationale de théâtre, comme il lui arrive souvent d’en faire aussi pour son travail de dramaturge. « Marie-Johanne Boucher et moi, on voulait développer un projet pour monter sur scène ensemble, explique Édith. J’aime la finesse de l’écriture de Johnna Adams. Elle propose des éléments de réponse sans condamner. Elle réussit même à ajouter des touches d’humour à cette tragédie. Je sais, c’est étonnant ! »


Johnna Adams se serait inspiré de sa propre enfance pour imaginer cette pièce. Dans sa jeunesse, elle écrivait des textes assez noirs, qu’elle cachait. Or elle s’est demandé ce qui serait arrivé s’ils avaient circulé et si son père avait été obligé de rencontrer son enseignante pour finalement apprendre que sa fille était l’autrice d’œuvres subversives. Puisqu’il est question d’un système de justice différent de celui du Québec, la traductrice Maryse Warda et l’équipe de création de la pièce ont convenu de conserver le contexte états-unien dans lequel s’inscrit l’intrigue.

Pour la tournée du spectacle, Sandra Dumaresq a pris la place de Marie-Johanne Boucher, qui avait d’autres engagements en 2024. Les deux femmes vivent un face-à-face qui ne leur laisse aucun répit. « C’est un huis clos qui se déroule en temps réel », précise Édith Paquet.

Le scénographe Guillaume Lord a créé le décor avec la volonté d’intégrer les spectateurs à la classe de cinquième année. Les dessins d’enfants ont été réalisés par un jeune artiste : Robin Roy, le fils d’Édith. « Il adore dessiner et il avait exactement l’âge du personnage quand on a créé la pièce. »

La metteuse en scène, Guillermina Kerwin, a dirigé le duo de telle manière que la pièce se déroule au rythme d’un combat de boxe, avec ce que cela implique d’attaques directes et de coups bas. Mais dans ce ring, il n’y a pas de victoire possible.

Drame. Texte : Johnna Adams. Titre original : Gidion’s Knot. Traduction : Maryse Warda. Mise en scène : Guillermina Kerwin. Collaboration artistique : Marie Joanne Boucher. Interprétation : Sandra Dumaresq et Édith Paquet. Photo : Ariel Tarr. Production : Écoumène. Durée : 1 h, sans entracte.

Le Nœud
16 mars 2024 à 20 h
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives

Photo Annie Éthier

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