Par Myreille B. En 2015, révélée par l’émission La Voix, Dominique Fils-Aimé entreprend un cheminement singulier qui la distingue d’entre tous. L’auteure-compositrice-interprète remporte successivement le prix Révélation Radio-Canada 2019-2020, un Félix à l’ADISQ en 2019 et un Juno en 2020, tous dans la catégorie jazz. Sa démarche artistique est profonde, authentique tout comme sa voix, son soul et le propos de ses chansons.

En moins d’une décennie, la carrière de Dominique Fils-Aimé a pris un envol fulgurant sur la scène canadienne et internationale.

Née à Montréal, dans une famille d’origine haïtienne avec de lointaines racines africaines, la musique est omniprésente dans la maison. « Mon éducation musicale s’est faite en anglais, mais au fond la musique est un langage universel. Au niveau des paroles et des structures, j’ai vraiment grandi avec des influences jazz, soul et blues des États-Unis et d’autres pays. » Elle développera avec le temps son style musical, qui la caractérise aujourd’hui et dans lequel elle se sent confortable. L’artiste transcende les genres musicaux et cette grande liberté est palpable à la fois dans sa création et dans sa façon de faire les choses. « Il y a tellement d’étiquettes et je pense qu’elles ont toutes le droit d’exister. J’ai plusieurs influences musicales. Quand je dois définir la mienne, le néojazz, généralement, est celle qui a le plus de sens étant donné que l’essence du jazz, c’est la création libre, C’est sortir des sentiers battus. C’est un mélange de genres et, dans la manière dont je crée, pour moi c’est du jazz. »

Dominique nous parle de son spectacle et de son tout nouvel opus Our Roots Run Deep. « C’est un album, qui, à la base, est une forme de métaphore, un rappel de notre rapport avec la nature et tout ce qui nous entoure. Nous faisons partie de cette nature et nous sommes aussi organiques que n’importe quelle plante. J’ai voulu créer un spectacle autour de ce concept. C’est une invitation à un petit voyage à travers la nature et mes chansons. » Son processus de création dévoile la couleur de son âme qui vient teinter sa musique de spiritualité. Sa voix, tel un instrument, est à la fois émouvante et puissante. Ses paroles sont au service d’un message social fort et sans équivoque. « Pour moi, il y a toujours un élément méditatif. La répétition de sons et des phrases, des mantras qui viennent, pour laisser entrer l’émotion et l’énergie qu’elles dégagent. Un côté plus intuitif que réfléchi. »

Elle a d’ailleurs un parcours atypique. « Je travaillais avec les enfants autistes, j’étais en soutien psychologique pour les employés quand j’ai eu un épuisement professionnel qui m’a amenée à explorer la musique comme une forme de thérapie. Ça m’a tellement fait du bien que de fil en aiguille, je n’ai jamais arrêté et j’ai suivi mon instinct qui m’a menée où je suis aujourd’hui. »

Sa démarche libre et indépendante se distingue notamment par ses albums construits sous forme de trilogie. L’artiste explique son choix. « Pour la première trilogie, c’était une évidence pour moi. Quand je réfléchissais aux genres musicaux qui m’ont influencée, il y avait trois mouvements principaux qui avaient été très présents : le blues, le jazz, le soul. Et pour les explorer correctement, j’avais besoin d’espace. De faire des albums séparés pour aller puiser dans leurs influences, dans l'étroite relation que j’ai avec chacun de ces styles. En tant qu’artiste, cela fait aussi partie de notre droit de vouloir aller à l’encontre du mouvement commun. Parce qu’on se sent sous pression sociétale justement, on ne prend pas toujours le temps de bien faire les choses. Les gens sont prêts à se connecter avec un artiste sur le long terme, à entrer dans le concept d’un album et d’une trilogie et explorer quelque chose plus en profondeur. »

Plongez dans l’univers de cette femme captivante, de son soul, de sa démarche hors norme. Ce nouveau spectacle invite le public à explorer avec elle les racines de son âme et de sa couleur infiniment lumineuse.

Dominique Fils-Aimé
24 mai 2024 à 20 h
Salle Emma-Albany
Pôle culturel de Chambly

Photo Fred Hamelin