Par François Marchesseault. Le quintette Damoizeaux, composé de Katerine Desrochers (chant), Véronique Boucher (batterie), Mathieu Beaudet (guitare), Vincent Quirion (basse) et Jean-Michel Bérubé (guitare), crée un jazz manouche libre. Décomplexé. Où il n’hésite pas à ajouter une dose de pop ici et un soupçon de folk là. Bienfaisant. Léger comme une plume…

Damoizeaux : une fois que ma dyslexie a replacé le Z et le X, il faut expliquer le joli nom de l’oiseau qui n’en est pas un. Le guitariste Jean-Michel Bérubé aussi parolier de la formation, m’en explique la provenance. C’est Mathieu, l’autre guitariste qui est arrivé un jour avec ce nom potentiel de groupe; nom qui n’a pas fait l’unanimité, au départ : « On imaginait une dame, une madame oiseau, mais en fait ça venait du vieux français et ça voulait dire une demoiselle. À ce moment-là, ils disaient damoiselle, puis il y avait un masculin à ce mot qui était damoiseau. »

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Les membres de la formation ont embrassé le nom. Damoizeaux se veut la suite d’un autre projet manouche qui se nommait Trio BBQ. Trio masculin auquel se sont rapidement greffées Katerine Desrochers et Véronique Boucher. Le groupe n’a lancé qu’un seul album, En plume, paru à l’automne 2020, mais voilà déjà un bon moment que les cinq musiciens s’accompagnent : « On joue ensemble, ça fait presque quinze ans », me dit Jean-Michel.

Plus d’une décennie à partager la scène ne peut que développer une chimie, une fraternité évidente pour le spectateur : « Depuis quasiment nos débuts, on se fait dire “vous avez l’air d’avoir du fun”… et c’est vrai. » Ça se voit dans les regards échangés. Les sourires sincères. Damoizeaux fabrique et partage sa musique jazzy, à la Pink Martini, pour les bonnes raisons : apporter bonheur et légèreté aux mélomanes.

Le groupe passe un temps fou à arranger ses pièces et les solos de guitare, préparer leurs prestations. Ensuite, sur scène, ils prennent le pouls du public. L’invitant dans son intimité. Jean-Michel développe : « On commence souvent nos shows avec une ou deux pièces instrumentales. Puis, ça va plus être moi qui vais parler. J’ai plus tendance à faire des jokes. À improviser ce que je vais dire. »

Détendre une atmosphère déjà en apesanteur. « Ce n’est pas de la musique qui est lourde, qui est difficile à écouter ou déprimante. Y’a un côté très hop la vie. » Même lorsque le propos est plus profond, méditatif ou introspectif. Un jazz manouche exploratoire auquel on ajoute la voix magnifique de Katerine Desrochers pour porter les textes en français de Jean-Michel.

La pièce Le géographe et l’astronaute est le plus bel exemple de cette manière d’amener ailleurs un genre musical parfois “emprisonné” (pour reprendre les mots de Jean-Michel) sans jamais le dénaturer. Un rythme tout ce qu’il y a de plus manouche, la voix douce de Katerine qui nous chante un monde à l’envers, puis, une slide guitare, celle de Jean-Michel, pour illustrer le tout. Brasser juste un peu le genre. « Un moment donné, tu te poses la question “est-ce que je veux sonner pareil comme Django (Reinhardt) ?” Est-ce que je veux jouer tout le temps ça ou j’aime mieux explorer et évoluer ? »

Damoizeaux c’est pour tout le monde : ceux et celles qui aiment le manouche, le jazz, la chanson française. La musique, point. Un espace de douce folie. En songeant au public des Jeudis Shows, à l’ultime argument pour l’inviter au spectacle, Jean-Michel me dit : « Ils vont avoir un sourire dans le visage pendant tout le spectacle. »
Le cœur à la fête et l’âme à la musique. Sur scène comme dans la salle.

Plus d'informations : damoizeaux.com
Crédit photo : Martin Flamand

Damoizeaux
28 octobre 2021 à 18 h
Cabaret-Théâtre du Vieux-Saint-Jean
Places réservées
Aussi présenté en webdiffusion sur SPEC.TV

Cette entrevue a initialement été publiée dans l'édition de novembre 2021 du magazine l'Entracte de la SPEC du Haut-Richelieu. Pour consulter l'édition intégral, cliquez ici.