Par Yves Mallette. Depuis 1986, Christian Bégin a réussi à déployer son talent comme metteur en scène, comédien, auteur (de quatre pièces de théâtre) et animateur, autant sur la scène qu’à la télé et au cinéma. Mais il s’ennuyait du contact direct avec le public.

La création du spectacle d’humour Les 8 péchés capitaux s’est alors révélée comme la meilleure façon de briser le fameux quatrième mur.

Tous ne s’en souviennent peut-être pas, mais Christian Bégin n’en est pas à ses débuts dans l’univers de l’humour. Rappelons qu’il a été professeur pendant sept ans à l’École nationale de l’humour en plus de présenter deux spectacles solos, Que reste-t-il de mes amours ? et I’ve Got a Crush on You (J’ai une orangeade sur toi). Mais c’était il y a une vingtaine d’années. Alors qu’est-ce qui a motivé l’artiste aux multiples facettes à y replonger après une si longue période ?

« C’est le désir de renouer avec la possibilité de m’adresser directement aux gens et d’avoir une réponse immédiate. Ça change d’avec le théâtre où les conventions ne sont pas les mêmes. Dans un spectacle d’humour, le “je” est plus nommé. Je n’ai pas besoin de passer par des personnages. De plus, j’avais envie de révéler des parties de moi », confie M. Bégin.

Et s’il faut se fier au titre, cette mise à nu s’illustrait mieux en parlant des péchés capitaux. Mais au fil de l’écriture, le titre a perdu un peu de son importance par rapport au contenu. Si, au départ, l’idée était de parler des péchés qui ne sont plus des péchés, les sept péchés capitaux (en plus d’un huitième que dévoile l’artiste à la fin du spectacle) sont devenus un prétexte pour parler d’autre chose.

Voir Christian Bégin

Finalement, l’essentiel tourne autour des questionnements d’un homme de près de 60 ans à savoir si ce qu’il a à dire a encore de la résonance ou de la pertinence dans le monde dans lequel il vit. « Je veux m’assurer que je n’ai pas atteint mon obsolescence programmée. Ce qui m’amène à me demander si nous arrivons à métaboliser tous les changements rapides qui caractérisent notre époque. Précisons qu’il y a une bonne dose d’autodérision dans tout ça. Je ne veux surtout pas avoir l’air sentencieux ou moralisateur », fait valoir l’homme originaire de Saint-Léonard.

Son point de vue sur le monde qui change et sa crainte de ne pas toujours « avoir la puck sur la palette » passent par différents thèmes, notamment l’hypersensibilité et l’individualisme. Christian Bégin abordera aussi l’omniprésence des réseaux sociaux qui met en relief un désir de tout partager et qui fait que la vie des gens est devenue un spectacle.

Un spectacle hybride
Ces sujets, pris isolément, peuvent sembler sérieux, mais la façon dont Christian Bégin brasse cette sauce entraine beaucoup de rires. Même s’il s’inscrit dans le créneau de l’humour, il ne faut pas s’attendre à un spectacle conventionnel, dans la forme traditionnelle du stand-up : « Il n’y a pas cette mécanique mathématique du rire et je ne suis pas tous les codes. Disons que c’est un spectacle hybride se rapprochant davantage de ce qu’on appelle un seul-en-scène au théâtre. C’est léger, ce qui n’empêche pas des passages reliés au plus grave, à l’anecdotique, à la confidence et à la réflexion. On rit quand même beaucoup », affirme celui qui fait les choses à sa manière pour son retour à la scène comique.

Pour arriver à ses fins, M. Bégin s’est assuré la collaboration de René Brisebois à la script-édition et de Chantal Lamarre à la mise en scène.

Christian Bégin
27 janvier 2023 à 20 h
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives

Photo Joseph El-Hage

Cette entrevue a été publiée dans l'édition de décembre 2022 du magazine l'Entracte de la SPEC du Haut-Richelieu. Pour consulter l'édition en cours, cliquez ici.