27/02/2023
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Par Francis Hébert. C’est un projet copieux et ambitieux que Chloé Sainte-Marie présente actuellement au Québec et bientôt à l’étranger. Au départ, Maudit silence est un double cd qui célèbre les langues autochtones, latines et créoles, tantôt chantées, tantôt récitées. Encore une fois, l’artiste sait s’entourer.
Appelons-la tout simplement Chloé, tant elle nous semble familière, à portée d’oreille. Il y a trente ans, elle délaissait le costume d’actrice pour se lancer en chanson. D’abord, dans la variété radiophonique, le temps d’un premier cd, puis elle s’est tournée vers ses premières amours : les poètes. Aujourd’hui, elle avoue qu’elle ne lit que cela, ou presque. C’est d’abord elle qui a chanté les poèmes de Gaston Miron mis en musique par Gilles Bélanger, que les 12 hommes rapaillés ont ensuite repris : « Mes chansons antérieures, je les porte encore en moi : Miron, Denise Boucher, Giguère, Bruno Roy, Desbiens… » Elle égrène leurs noms comme des amis qui vivent avec elle au quotidien. On se rappelle encore en frissonnant lorsqu’elle chantait Je t’écris pour te dire que je t’aime, Septembre ou son indispensable opus Parle-moi.
Mais cette fois-ci, Chloé a décidé d’aller ailleurs. Son nouveau spectacle sera uniquement consacré au répertoire de Maudit silence : « Ce projet, c’est un peu la synthèse de tout ce que j’ai fait dans ma vie. J’ai mis six ans à le concevoir. » Ça commence par une rencontre avec le géographe Jean Morisset : « Je l’ai connu en septembre 2013. Nous avions loué sa maison à Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, et nous avons fait l’album À la croisée des silences là-bas, pendant huit mois. Dans sa maison, Jean a environ 20 000 livres, alors j’ai découvert son univers, sa poésie. Et quand il a publié Sur la piste du Canada errant, j’ai été subjuguée par sa vision très originale de l’Histoire, ses hypothèses. Je savais que j’avais trouvé le bon collaborateur. »
La chanteuse s’est remise en question. En entrevue, elle s’anime : « Par exemple, on m’avait toujours dit que Louis Riel était un traitre, alors que non… Morisset me racontait que “nous étions comme le Brésil : on ne devrait pas se rapporter à la mère-patrie du Portugal. Le Canada entier était notre pays, il nous a été volé. On nous a mis comme dans une réserve en créant le Québec. Nous, les métisses.” Avec lui, j’ai refait un voyage historique. Il disait aussi : “Moi, je suis fédéraliste, je veux me fédérer avec le Groenland et les Caraïbes. À l’époque, c’était un métissage de Canayens (comme on disait à l’époque) avec les autochtones.” »
Côté musical, Chloé a fait appel encore une fois au fidèle guitariste et (parfois) chanteur Yves Desrosiers, dont elle écoute encore le poignant disque Volodia, consacré à un auteur-compositeur-interprète russe, traduit en français : « Je lui ai donné tous les textes de Maudit silence, car je savais d’instinct que c’était pour lui. Je rêvais aussi de chanter Nancy Huston, car pour moi, son œuvre poétique est essentielle. Par l’entremise de Jean, on lui a demandé un poème, et quelques jours après, elle l’avait écrit spécialement pour moi », s’émerveille-t-elle.
Pour monter un tel spectacle, Chloé a demandé l’aide de deux metteurs en scène : Émilie Monnet et Philippe Cyr. Ils se sont partagé les décisions comme l’ordre des morceaux, l’éclairage, la mise en place. « Philippe avait déjà fait la mise en scène de mon précédent spectacle, il avait mis quatre-vingts arbres au-dessus de ma tête ! »
Pour replonger dans nos racines, les arbres auront été un signe précurseur. Avec les années, Chloé n’a rien perdu de sa sève.
Chloé Sainte-Marie
17 mars 2023 à 20 h
Cabaret-Théâtre du Vieux-Saint-Jean
Places réservées
Photo Camille Gladu-Drouin
30, boulevard du Séminaire N.,
Saint-Jean-sur-Richelieu, QC
J3B 5J4
Du lundi au samedi de 10 h à 18 h.