27/02/2023
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1 888 443-394927/02/2023
Par Philippe Renaud. Oeuvre phare du théâtre de Michel Tremblay, Albertine, en cinq temps a été adaptée pour l’opéra et présentée en septembre dernier au Rideau Vert, là où a été créée la pièce en 1984, alors mise en scène par le regretté André Brassard. Scénarisée cette fois par Nathalie Deschamps, l’œuvre est décrite comme étant le premier opéra en joual.
Son livret est signé par le Collectif de la Lune Rouge et mis en musique par l’autrice, compositrice et interprète Catherine Major, qui nous rappelle le « leitmotiv de cette production depuis le début : un projet de femmes, soutenu par des femmes. Et c’est notre slogan : nous sommes toutes Albertine. »
Elles seront cinq Albertine sur la scène du Théâtre des Deux Rives le 26 mars prochain : Chantal Lambert, Monique Pagé, Chantal Dionne, Florence Bourget et Catherine St-Arnaud, chacune incarnant le personnage principal à un âge différent, dialoguant avec sa sœur Madeleine, interprétée celle-là par Marianne Lambert.
« L’histoire d’Albertine, comme celle des Belles-Soeurs, est proche de nous », suggère Catherine Major en vantant « l’universalité et l’intemporalité du rôle de la femme » dans le texte, coloré par notre joual, de Tremblay. « Oui, c’est la première fois qu’un opéra est écrit en joual, mais ce n’était pas une contrainte, bien au contraire », assure la compositrice. « Le joual est une langue si lyrique, ouverte, avec de grandes notes comme ces grands “a” ouverts. Je savais que ça allait marcher. » Et puis, raisonne Catherine Major, les cantatrices sont polyglottes, capables d’interpréter des œuvres écrites en français, en italien ou encore en allemand, et « le joual, c’est quand même proche d’elles. »
Voir Albertine en cinq temps, l'opéra
Les cinq Albertine et la Madeleine ont même travaillé avec une spécialiste de la prononciation pour modeler le joual au chant opératique, confie la musicienne. « Les chanteuses ne parlent pas toutes de la même manière, mais ça a été une partie de plaisir pour elles. De mon côté, j’ai dû ajuster la partition pour que les mots sonnent bien dans leurs bouches, avec leurs voix. »
Catherine Major a eu carte blanche pour composer la musique d’Albertine en cinq temps, l’opéra. Un enregistrement audio de l’opéra a été édité en novembre dernier par la maison de disques ATMA Classique. Son travail s’est déroulé en collaboration du Collectif de la Lune Rouge : « J’ai composé chaque air au fur et à mesure qu’on me présentait le texte; je n’ai pas suggéré de texte à proprement dit, mais sur le plan des structures, j’ai cherché [avec les autrices] de la flexibilité. Ça a été conçu avec une grande ouverture face au texte original de Tremblay, dont on voulait préserver la poésie. »
« Certains airs ont une forme proche de la chanson, avec un refrain, d’autres sont plus développés, mélodiquement et harmoniquement », raconte Catherine Major. Sa partition, techniquement simple mais mélodieusement riche, a été saluée par la critique, tout comme le travail des six interprètes. À travers treize airs, la compositrice parvient à traduire la tristesse qui pèse sur l’âme de l’Albertine ainée, qui mesure le chemin parcouru, ses blessures et ses déceptions, depuis le CHSLD où elle a été admise.
« Albertine n’est pas heureuse très souvent, reconnait Catherine Major. Celle à 30 ans porte la rage en elle, les larmes dans la quarantaine, la seule Albertine un peu plus joyeuse est celle de 50 ans, mais seulement parce qu’elle vit dans le déni. Il y a beaucoup de charges émotives dans la musique, mais je crois avoir eu assez de sensibilité pour évoquer chacune de ses époques. »
Albertine en cinq temps, l’opéra
26 mars 2023 à 15 h 30
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives
Photo Victor Diaz Lamich
30, boulevard du Séminaire N.,
Saint-Jean-sur-Richelieu, QC
J3B 5J4
Du lundi au samedi de 10 h à 18 h.