03/06/2022
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Par Isabelle Laramée. Il est fréquent d’adapter du théâtre à l’écran. Mais très peu de dramaturges ont l’occasion de faire les deux ! C’est le cas de Catherine Léger qui, après avoir écrit la pièce Baby-sitter en 2016, signe le scénario du film réalisé par Monia Chokri qui sort ce vendredi 3 juin. Un parcours créatif qui lui aura demandé de l’adapter pour le 7e art, mais aussi à l’actualité. Car entre les deux est arrivé #metoo.
La pièce Baby-sitter avait fait un beau et grand bruit lorsqu’elle avait été présentée pour la première fois à La Licorne en 2017, puis dans les Soirées théâtrales de la SPEC dans la saison 2017-2018. On retrouve Cédrick qui, après une blague sexiste qui devient virale, perd son emploi chez Ingénierie Québec. La suite sera épique et à l'image de quelques situations qu'on a vues bien souvent dans l'actualité des derniers temps. Plutôt que de faire amende honorable, il entre dans une introspection et on est encore dans l’image de l’homme qui parle de la femme à travers lui. Occupé à centrer ses efforts sur une thérapie et l’écriture de son livre Sexist Story qui se veut révolutionnaire et qui s’attaque à la misogynie, il ne s’occupe pas de sa femme qui vit un post-partum.
« Avec le mouvement #metoo qui est arrivé après l’écriture de la pièce en 2016, j’ai modifié la blague [au théâtre Cédrick embrasse une journaliste en plein topo devant la caméra] et ça m’a fait poser la question de sa pertinence. D’autant plus que les femmes étaient en réaction au paternalisme », raconte Catherine Léger qui est également productrice du film avec Martin Paul Hus, Pierre-Marcel Blanchot et Fabrice Lambot, en coproduction avec Nancy Grant.
Habitée par les personnages qu’elle avait vus prendre forme sur scène, Catherine Léger en a profité pour ouvrir le cadre de la pièce qui était en huis clos afin de faire exister des lieux qui n’étaient alors qu’évoqués, comme le stade, les bureaux d’Ingénierie Québec et de l’éditeur, et même le personnage de Tessier (Hubert Proulx). La scénariste qui a signé l’adaptation cinématographe du roman La déesse des mouches à feu de Geneviève Pettersen admet qu’elle a trouvé plus difficile d’adapter son propre livre que celui de quelqu’un d’autre !
« J’ai pris beaucoup de détours au début, confie-t-elle. Je me suis donné trop de liberté. J’ai dû revenir à la pièce. Pour l’adaptation de La déesse des mouches à feu, j’avais le souci de satisfaire Geneviève [Pettersen] et le public lecteur. Je ne ressentais pas ce besoin pour Babysitter. »
Pointe d’horreur
Il faut dire que le film a été grandement teinté par la réalisation de Monia Chokri qui, en plus d’incarner Nadine, lui a insufflé une signature artistique nouvelle. « Elle a réussi à prendre le scénario et à lui donner une couche d’horreur, notamment avec le niveau de jeu. Je ne savais pas qu’il y avait ce film dans mon scénario », lance Catherine Léger avec grande admiration pour le travail de Monia Chokri qui s’est approprié l’œuvre tout en gardant son côté militant.
La caméra a également pu donner plus d’intériorité au personnage de Nadine en raison de moments où elle est seule. « On va plus loin dans sa douleur grâce à cette intimité », poursuit la scénariste, ajoutant que la force et la noirceur que Monia a pu transmettre au personnage offrent beaucoup d’émotions et dépeignent une fragilité du couple touchante.
Comme dans la pièce, on ne sait toujours pas d’où arrive la Babysitter incarnée cette fois-ci par Nadia Tereszkiewicz (César Révélation) ! « C’est un symbole, une Mary Poppins trash ! Elle a un côté évanescent. C’est comme une ninja qui se promène dans la maison », note Catherine Léger, ajoutant qu’on n’a pas besoin de savoir d’où elle sort !
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