Par Véronique Daudelin. Dans la foulée de son troisième album, Demande spéciale, Bon Enfant sera de passage au 164 le 3 mai prochain. Ce sera l’occasion de vibrer au son rock d’un des groupes québécois les plus acclamés des dernières années.

Depuis ses débuts, Bon Enfant connaît un succès critique unanime. Son premier album éponyme, paru en 2019, a remporté le prix du meilleur album francophone de l’année décerné par Le Devoir. Le second, Diorama, a remporté en 2022 le Félix de l’« Album rock de l’année » au gala de l’ADISQ. Et l’année dernière, le troisième album, Demande spéciale, a poussé la journaliste Josée Lapointe de La Presse à qualifier Bon Enfant d’« un des meilleurs groupes du Québec ».

Si la formation a été cofondée par la chanteuse Daphné Brissette et le guitariste Guillaume Chiasson, elle a vite été complétée par d’autres musiciens d’expérience. « Ça n’a pas été très long qu’on a incorporé Mélissa [Fortin] et Étienne [Côté], car ils jouaient déjà avec moi dans mon ancien groupe, Canailles, explique en entrevue Daphné Brissette. Par la suite, on a rencontré Alex Burger, et ce fut le coup de foudre ! »

Alors que le duo fondateur souhaitait au départ donner une sonorité un peu country à sa musique, l’arrivée des autres membres du groupe a finalement mené à un style pop-rock aux influences multiples. « Nos influences évoluent au fil du temps. Ça passe de Black Sabbath à ABBA, à Television, puis à Spiritualized et à The Police ! », s’exclame Daphné Brissette.

Au sein de Bon Enfant, ce sont les deux membres fondateurs, Daphné et Guillaume, qui composent respectivement les textes et la musique. Cela dit, ces dernières années, les trois autres membres du groupe mènent aussi chacun de leur côté leur carrière d’auteur-compositeur-interprète. Le bassiste Alex Burger a fait paraître trois albums dont Sweet Montérégie, qui a été sacré « Album country de l’année » au gala de l’ADISQ en 2021. Le batteur Étienne Côté mène sa carrière solo sous le nom de « Lumière », avec deux albums à son actif (il s’est produit sur la scène du 164 l’an dernier). Et la claviériste Mélissa Fortin a fait paraître en 2024 un premier album instrumental, qu’elle est d’ailleurs venue présenter en novembre dernier aux Jeudis Shows Hydro-Québec du Cabaret-Théâtre du Vieux-Saint-Jean, devant un public complètement conquis.

Loin d’affaiblir le groupe, ces carrières solo donnent une grande puissance à Bon Enfant. « Les membres du groupe ont tous des projets plus personnels, c’est une réalité qu’on n’avait pas au premier album, concède Daphné Brissette. On a réussi à faire fonctionner tout ça. Je crois que le groupe se connaît très bien aujourd’hui. Nous avons notre signature sonore et une complicité que nous avons développée sur scène au fil du temps. »

Au moment où nous écrivons ces lignes, Bon Enfant est en pleine tournée européenne : France, Allemagne, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, etc. Son rock franchit les frontières, y compris celles de la langue. Ces tournées européennes ont commencé il y a deux ans, après qu’un agent allemand avait vu Bon Enfant en spectacle à Montréal. « C’est notre troisième tournée avec eux et c’est la première fois que nous essayons une tournée avec billetterie, explique Daphné. Ça nous permet de prendre le pouls en Europe, de faire le plein de spectacles et de jouer notre show devant des publics différents. »

Lorsqu’on retrouvera Bon Enfant sur scène en mai prochain, ce sera pour entendre des chansons de ses trois albums, mais surtout du dernier, Demande spéciale, aux thèmes particulièrement lumineux. « Je dirais que ce dernier disque a une volonté positive, on voulait générer de la lumière dans les mots. C’est un peu comme un guide pour traverser notre époque. Ça parle aussi de notre amour de la musique, de la création et de la joie de faire des spectacles », explique la chanteuse. Et puisque tous les musiciens du groupe aiment particulièrement improviser, il faut aussi s’attendre à beaucoup de longs et bons solos !

Photo : Camille Gladu-Drouin