Par Myreille B. L’artiste à la voix soul, douce et graveleuse revient de loin afin de nous dévoiler son nouvel opus, Pearl ; un rêve lové précieusement au tréfonds de son âme. En sillonnant ces eaux troubles teintées de diverses émotions, Bobby Bazini était en processus de transformation personnelle et professionnelle. Il en résulte une production de mélodies et de poésies où la lumière fuse, diurne aux reflets irisés sous les harmonies.

Quand la pandémie s’est abattue sur tous les continents, l’auteur-compositeur-interprète se trouvait en tournée internationale. Il se rappelle cet arrêt abrupt alors qu’il était en pleine ascension. Il s’est rapidement retrouvé en déséquilibre. « Je revenais du Moyen-Orient et de l’Europe, nous nous étions beaucoup promenés entre les pays. Cela a amené beaucoup de réflexions, a suscité des périodes stressantes, mais a aussi permis de faire la paix avec certains ressacs. Des sentiments que je n’avais jamais vécus auparavant. La musique m’a permis de me relever et c'est de là que le parallèle avec la perle a émergé. Avec le temps, des irritants pénètrent dans la coquille, elle utilise alors le négatif pour former quelque chose de beau. Je me suis rendu compte que j’avais besoin de me ressourcer. » L’artiste est parti de cette idée de la perle et, plus l’album progressait, plus il ressentait enfin une certaine liberté. « C’était mon projet, mon album indépendant à moi. Et, aujourd’hui, je regarde le produit et j’en suis vraiment fier ! »

Après avoir passé une décennie à parcourir le monde, se retrouver au Québec lui a permis de réapprivoiser son environnement. « J’ai trouvé un studio à côté de chez moi où j’ai pu faire l’album. » Il y rencontre le réalisateur, auteur et multi-instrumentiste Connor Seidel (Charlotte Cardin, Matt Holubowski, Elliot Maginot, Les sœurs Boulay) à qui il révèlera son inspiration de la perle et de la mer. C’est ainsi qu’ils s’installeront en studio afin de créer, ensemble, ce nouvel album. « Connor et moi, on a vraiment travaillé l’univers, la base des chansons. Par la suite, avec le multi-instrumentiste Antoine Gratton, cela s’est élevé encore plus, menant les chansons à un autre niveau. Antoine a vraiment fait un travail exceptionnel avec les cordes. »

À la mi-trentaine, Bobby ressentait aussi ce désir d’enregistrer, d’écrire et de s’entourer uniquement d’artistes québécois. « C’est une belle expérience, très enrichissante et réalisée avec Connor Seidel. J’ai été plusieurs années avec Universal Canada et c’est grâce à eux que j’ai pu me produire à travers le monde. Avec le temps, j’avais besoin de faire mon propre chemin. J’avais envie de retourner à la source, à la musique qui m’avait formé lors de mon premier disque, qui a forgé ce que je suis devenu. Avec Pearl, je voulais vraiment faire un vinyle comme dans les années 70 où les chansons sont reliées entre elles par l’utilisation des cordes, de la harpe et les sons de la mer. Je le faisais vraiment pour moi, c’est l’album dont je rêvais et qui m’appartient totalement. »

L’artiste qui désirait aller au bout de son idée s’est alors posé la question : « Comment pouvons-nous faire vivre cette expérience visuellement et musicalement en spectacle ? » Bobby Bazini a alors fait appel à Arnaud Belley-Ferris qui a réalisé un concept d’éclairage exceptionnel. « C’est un rappel de la perle, des demi-lunes, il y a beaucoup d’éclairage bleu et nous avons des sons de la mer. Tout en gardant le tout créatif, les musiciens refont, avec des instruments comme la flûte et le saxophone, les éléments océaniques. »

Après une dizaine d’années de succès jalonnée par des nominations et des prix (Juno, Félix), des disques platines, des dizaines de millions d’écoutes en ligne et des concerts à guichets fermés, Bobby Bazini a très hâte de retourner sur les planches. Il confie d’ailleurs qu’il a l’impression de rentrer à l’intérieur de cet univers qu’il s’est créé. Plongez avec lui dans cet océan musical où brille, en son cœur, un artiste incontournable, une perle rare.