Michel !Par Marie-Pier Gagnon. Il y a 30 ans, Michel Courtemanche disait au revoir à la scène avec le désir pressant de trouver son bonheur. Aujourd’hui, l’artiste est de retour. Pas sous les projecteurs, mais derrière les rideaux. Entrevue avec une légende de l’humour québécois qui nous parle de Michel !, une production audacieuse nous offrant une sublime incursion dans son imaginaire.

Avec pour trame de fond l’histoire d’un petit garçon qui trouve refuge et liberté dans son imaginaire, Michel ! est une production qui mélange allégrement humour, danse, musique, cirque et théâtre. Mise en scène par Daniel Brière (Les Parent), l’œuvre réunit sept artistes formés par Michel Courtemanche lui-même.

Cette colorée production de ComediHa ! est aussi le prétexte que nous attendions pour revivre les numéros qui ont fait la renommée de celui qui possède son propre chapitre dans le livre de l’humour québécois. Pensons à L’haltérophile, L’accouchement ou encore Le photomaton, par exemple. À quelques différences près.

Y mettre son cœur

En tant que consultant à la production, et non comme interprète, l’humoriste a eu le bonheur d’assister à la création de chaque tableau. Pour reprendre ses mots, il vous dirait qu’il a eu « ben ben ben du fun » à voir les sept interprètes si finement choisis donner vie au projet dont il avait lui-même eu l’idée dans les années 90.

Il les a accompagnés et leur a enseigné sa démarche créative. Mais attention. Toujours avec une ligne directrice bien précise. « Je ne voulais pas qu’ils refassent exactement la même chose que moi. Je voulais qu’ils aient leur propre interprétation, qu’ils apportent leur propre folie. Je voulais du cœur là-dedans », explique-t-il.

Former de nouveaux humoristes visuels n’est pas une mince tâche. Apprendre à raconter une histoire sans parler (les artistes utilisent le gromelot, un langage imaginaire basé sur les sons et expressions) est un défi. Sans oublier que Michel Courtemanche a lui-même développé sa technique avec le temps, de façon naturelle et instinctive.

Le soir de la première, à Québec, il était nerveux. Ironiquement, pas de connaitre la réception du public quant au spectacle qui est un hommage à sa carrière. Nerveux pour Alex Trahan, Vanessa Kneale, Philippe Thibaudeau, Clément Chaboche, Ugo Dario, Grabriela Jovian-Mazon et Annick Prémont. Il espérait que leur couleur ressorte.

Faire garder le bébé

Généreux et humble Michel Courtemanche ? C’est l’impression qu’il nous donne. Pour lui, le plus difficile aura été de se lancer dans l’aventure, de confier son catalogue de succès à d’autres pour qu’ils le fassent briller. Un véritable exercice de confiance. « C’était comme de laisser son bébé la première fois que tu le fais garder. Ce n’était pas facile »

Le choix de l’équipe a été important. Après avoir rencontré Daniel Parent et discuté avec lui du projet, il a tout de suite été rassuré. Les deux hommes se connaissent depuis l’époque de Caméra Café alors que Michel Courtemanche réalisait et Daniel Parent interprétait un psychologue. Même chose pour l’équipe de production qui a pris grand soin du spectacle et des artistes.

Si bien qu’aujourd’hui, alors que le spectacle a été présenté à Québec pendant l’été et qu’une tournée aura lieu au Québec cet automne, il est pleinement satisfait. « C’est le même nombre d’heures pour un flop que pour un succès. Moi, c’est le processus qui m’intéresse. Ça n’a pas toujours été facile, mais j’ai beaucoup aimé ça et j’ai appris avec ce projet. »

Il ne suivra pas l’équipe en tournée. Il assistera seulement à quelques évènements ici et là. Le spectacle est d’ailleurs appelé à vivre en Europe et il se promet d’assister à quelques représentations dans des villes significatives pour lui. « Ils vont reprendre le même chemin que j’ai fait il y a plusieurs années. » Comme une roue qui tourne, une passation de flambeau.

Ils iront dans des pays où ni l’anglais ni le français n’est la langue principale. Jouer devant des jeunes, des adultes, des aînés. Et c’est là la beauté de l’œuvre de Michel Courtemanche. Elle est universelle et le restera.

Michel !
9 novembre 2024 à 20 h
10 novembre 2024 à 15 h
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives