16/04/2024

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Benoît McGinnis : Un devoir de mémoire

Par Jennifer Tremblay. La machine de Turing s’inspire d’une histoire vraie, celle d’Alan Turing, un mathématicien qui a posé les bases de l’intelligence artificielle alors que les Alliés cherchaient à décrypter les codes secrets d’une machine de l’armée allemande. Pour interpréter ce personnage complexe, touchant, inspirant, un comédien qui ne craint pas les rôles exigeants : Benoît McGinnis.

En 1938, des étudiants en mathématiques sont recrutés par le gouvernement britannique pour suivre des cours de cryptanalyse, ce qui les mène à participer à une recherche visant à « casser » Enigma, un appareil utilisé par les nazis pour transmettre des codes secrets. Parmi eux, le jeune Alan Turing. Après des mois de travail acharné, son intelligence et son imagination le mènent à développer ce qu’on considère aujourd’hui comme le premier ordinateur, grâce auquel il parviendra en effet à décoder les messages transmis par Enigma.

On reconnait que l’invention de Turing a précipité la victoire des Alliés, et probablement abrégé la guerre d’au moins deux ans. Mais après avoir réussi cet exploit, Turing est réduit au silence et au mensonge, alors qu’il en a justement horreur : les autorités l’obligent à garder le secret de sa découverte, de son incroyable invention et de son apport à la victoire.

En 1952, Alan Turing est poursuivi en justice pour homosexualité. Le mathématicien avoue sans hésitation, et sans honte, son orientation sexuelle. Il doit subir une castration chimique. Sa fin est dramatique. « Turing ne s’est jamais caché de son homosexualité, même si ses amis lui recommandaient de le faire », explique Benoît McGinnis. L’homme était-il trop naïf ? Entêté ? Volontaire ? Épris de liberté ? « Une chose est certaine, il était différent. Et c’est son côté différent qui intéresse et touche le plus le public. » Considéré par ses contemporains comme un marginal, Turing aura mené une existence marquée à la fois par l’héroïsme et la tragédie.


Benoît McGinnis est sorti de l’École nationale de théâtre en 2001. Depuis, il a travaillé à maintes reprises avec les plus grands metteurs en scène du Québec et a interprété les rôles mythiques du répertoire théâtral, dont Hamlet et Caligula. Il s’est vu offrir le rôle d’Alan Turing par les productions Agents Doubles : « Je n’aurais pas eu envie de jouer un rat de laboratoire… Mais Turing, malgré sa grande intelligence, était amusant, sensible, aimant. » Autrement dit, entre le comédien et le personnage, le courant passait. On reconnait chez l’un et chez l’autre la rigueur, l’énergie, la volonté, car il s’agit de voir Benoît McGinnis sur scène pour reconnaitre son talent. Il est dirigé cette fois-ci par le metteur en scène Sébastien David, dont le travail ne passe jamais inaperçu.

La machine de Turing est un texte du comédien français Benoit Solès qui a le bonheur de voir sa pièce traduite en plusieurs langues et faire le tour du monde. À Paris, elle a à ce jour été jouée plus de 800 fois et a reçu trois Molière, récompense prestigieuse dans le milieu théâtral.

En 2014, au moment où Benoit Solès montait sur scène à Paris pour la première de sa pièce, on lançait sur les écrans le film américain Imitation Game, réalisé par Morten Tyldum. Mais le film se limite à la très courte période où Turing a travaillé pour l’armée. « La pièce, avec les retours en arrière, permet de découvrir la vie de Turing dans son ensemble. C’est formidable parce que Turing nous apparait plus humain, plus complexe que dans le film. »

Ode à la différence et à la tolérance dans un univers dédié à la technologie, La machine de Turing est d’une bouleversante actualité et touche aussi les jeunes : « On a joué devant des adolescents en matinée scolaire. Je suis allé leur parler avant la représentation pour leur expliquer le contexte de la pièce. Ils ont été tellement respectueux et attentifs ! On a senti que ça les intéressait ! » Si l’envie vous prend de faire une sortie au théâtre avec votre adolescent, c’est l’occasion !

Comédie dramatique. Texte : Benoit Solès. Mise en scène : Sébastien David. Direction artistique : Pierre Bernard. Interprétation : Benoît McGinnis, Étienne Pilon, Gabriel Cloutier Tremblay et Jean-Moïse Martin. Photo : Pierre Barrière. Production : Les Agents Doubles. Durée : 1 h 30, sans entracte.

La machine de Turing
27 avril 2024 à 20 h
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives

Photo François Laplante Delagrave

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