24/02/2022
Billetterie
1 888 443-3949Billetterie
1 888 443-394924/02/2022
Par Marie Louise Bibish Mumbu. Les Hardings raconte la nécessité d’arrêter les trains qui vont nulle part, vers le mur. Les arrêter dans nos vies personnelles et intimes, dans nos vies citoyennes, politiques et collectives, au risque que le système ne nous aveugle et ne nous épuise.
C’est le résumé d’Alexia Bürger de sa pièce Les Hardings.
Certains patronymes ne trompent pas, et Alexia Bürger est une véritable bourgeoise dans le sens positif du terme. Son bourg ce sont les arts et sa ville, le théâtre, le bon, qu’elle a réussi à amener à la télévision. Chapeau ! « D’origine québécoise du côté de ma mère et franco-hongroise du côté paternel, Bürger vient de la Transylvanie, qui appartenait alors à la Hongrie et qui veut dire… bourgeois. »
Elle le porte si bien. Une bourgeoisie altruiste d’une générosité décapante. Celle d’accepter cette entrevue, à cinq heures de décalage, en France où elle séjourne pour un autre spectacle. Celle d’être touchée personnellement par le drame de Lac-Mégantic.
« Le 6 juillet 2013, j’étais dans ma famille en France où je voyais défiler à la télévision, comme tout le monde, les images de Mégantic en explosion et de cet homme tenu responsable par la Montreal Main Atlantic. J’étais happée par le visage de ce cheminot menotté… »
Alexia est obsédée des semaines durant par cette histoire, jusqu’à son retour à Montréal où elle décide d’investiguer, de fouiller, d’entrer en écriture. Elle s’entretient avec l’avocat de Thomas Harding, effectue des recherches, ne comprend pas l’érosion de notre vigilance et l’abandon au fil des années de certaines lois de protection comme être deux cheminots dans un train, gage de sécurité minimum.
« Il y avait, à travers cette tragédie, la métaphore de tout notre système capitaliste : c’est celui qui est en bout de ligne qui paie l’addition ! Quelle injustice ! Thomas avait une part de responsabilité dans ce drame mais il n’était pas le seul. On était plusieurs responsables. Et finalement, toute une population est mise en danger sans que les citoyens, que nous sommes, ne le sachent. »
Alexia ne se définit pas autrice, Les Hardings étant un tout premier texte. Elle aime surtout combiner l’écriture théâtrale et l’écriture scénique. C’est le processus, bien plus que le produit, qui l’intéresse, les changements découlant du dialogue théâtre et scène. « Parce qu’il y a des choses qui appartiennent aux mots et d’autres aux silences. Le texte n’est pas mon point de départ, mais bien ce dialogue-là, et, d’expérience, je suis clairement plus metteuse en scène qu’autrice. Mais j’aimerais bien être un peu les deux, même si je ne suis ni l’une ni l’autre (rires)… C’est la matière qui m’intéresse avant tout. Je renifle le filon. Étant une fille de recherches – j’adore ça, je pourrais en faire toute une vie – mon point de départ s’articule tranquillement là, par des échanges et discussions… Pour Les Hardings>, il y en a eu beaucoup. Avec les acteurs, avec les gens de Mégantic. J’aime ce lien qui se crée avec des gens que je ne rencontrerai pas autrement. C’est ça qui me passionne : entrer en contact et en conversation avec des personnes que ma condition de femme – d’un certain âge – du milieu théâtral – vivant dans un certain quartier montréalais, ne me permettrait pas de rencontrer spontanément, même si on partage énormément de choses. »
« C’est l’Autre qui me motive. D’abord à travers recherches et conversations. Ensuite avec les acteurs et notre rapport aux mots. Enfin, avec le public. »
Crédits :Texte et mise en scène : Alexia Bürger. Interprétation : Normand d’Amour, Patrice Dubois et Martin Héroux. Production : Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Crédit photo LePetitRusse
Les Hardings
26 février 2022 à 20 h
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives
30, boulevard du Séminaire N.,
Saint-Jean-sur-Richelieu, QC
J3B 5J4
Du lundi au samedi de 10 h à 18 h.