11/01/2023
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Par Francis Hébert. Le chansonnier québécois Alexandre Poulin revient sur scène pour une tournée solo. Parmi ses influences, il cite volontiers Richard Séguin, Richard Desjardins, Michel Rivard. Mais son chant doux et ses préoccupations sociales rappellent parfois Yves Duteil. Il sait également faire preuve d’une salutaire dose d’autodérision.
Vous connaissez peut-être les chansons d’Alexandre Poulin sans le savoir, puisqu’elles se baladent de temps en temps sur les ondes radiophoniques, par sa voix ou par celles de ses interprètes : 2Frères, France d’Amour et jusqu’au dernier disque de Petula Clark !
« Quand j’étais enfant, j’ai choisi la guitare tout simplement parce que mon père en jouait. Ça a marqué mon imaginaire. Je voulais jouer du piano, j’avais une voisine qui était organiste à l’église mais elle a refusé de me donner des cours ! », confesse-t-il en rigolant.
Alexandre a vite trouvé un plan B : « Je me suis replié sur mon père pour apprendre mes premiers accords de guitare ! J’avais huit ans. Quand j’ai commencé à écrire mes premières chansons, je ne jouais pas encore d’instrument. C’était l’envie de raconter des histoires. Puis, vers douze ou treize ans, j’ai commencé à découvrir le répertoire québécois des chanteurs, qui a pris de plus en plus de place. Mais à huit ans, c’était Patrick Norman ou du vieux country car mon père tripait là-dessus. Il est décédé cette année. Pour moi, mon père était un monument, mon envie de faire ce métier vient de lui. C’était un électricien de la classe moyenne. Il n’écrivait pas. C’était juste un gratteux de guitare. »
Le fils a poussé plus loin. Il a fait ses classes, quitté la Sherbrooke familiale pour rejoindre Montréal. Depuis 2008, il a cumulé une poignée d’albums à son compteur, des spectacles des deux côtés de l’océan. Dans sa discographie, vient le moment de parler de son disque le plus inspiré, Les temps sauvages. On est en 2016 : « J’étais vraiment épuisé, au bout du bout. J’avais eu des problèmes de santé. Je tournais beaucoup trop, à la fois en Europe et au Québec. J’avais ouvert la machine. Il y a eu un prix à payer. Je ne regrette pas ces expériences, car j’ai beaucoup appris de tout ça. Je débutais l’écriture de cet album-là. Avec le recul, je pense que j’avais compris à quel point mon industrie avait changé, j’étais moins en combat avec moi-même. Tu veux toujours faire le disque que tu rêves d’acheter, pas celui que tu veux vendre… En même temps, tu sais que si tu n’en vends pas, tu ne pourras plus faire ce métier-là. Il y avait toujours un combat intérieur, à me demander si le monde allait aimer ça. Puis j’ai compris que ce n’était pas nécessaire d’être à la TV, partout, de tourner sur les radios commerciales. Avec internet et les réseaux sociaux, il y a du négatif, mais ben du positif aussi. J’étais en paix avec le fait de ne faire que ce que j’aime, et mon public va toujours me donner au moins une chance. Je me demandais si ça allait être mon dernier disque… Tout ça m’a emmené une forme de lâcher-prise. L’album Les temps sauvages est peut-être le moins accessible pour ben du monde, mais il a marqué un tournant dans la liberté de faire ce dont j’avais envie. »
Les années passent. Il continue. D’autres cd s’ajoutent à sa discographie. En tant que consommateur, il avoue lui-même être tombé dans la mode du retour au vinyle, bien qu’il trouve consternant le prix de vente. Dans sa chanson Une lumière allumée, Poulin parle « d’un pays juste à moi », qui peut se lire comme une invitation à la souveraineté du Québec, mais aussi à se trouver un « coin tranquille », juste pour soi. Entre le politique et le personnel, le chanteur hésite, observateur inquiet et doux à la fois. Sur scène, il a choisi de faire résonner uniquement des guitares, pas d’ordinateur. Le pari artisan, avant celui de la modernité.
Alexandre Poulin
28 janvier 2023 à 20 h
Salle Emma-Albani
Pôle culturel de Chambly
Cette entrevue a été publiée dans l'édition de février 2023 du magazine l'Entracte de la SPEC du Haut-Richelieu. Pour consulter l'édition en cours, cliquez ici.
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