16/12/2019
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Par Francis Hébert
Lors de la parution en 2018 d’Inscape, son deuxième album, la pianiste montréalaise Alexandra Stréliski ressortait d’une période très noire. Et la lumière fut. L’accueil a été prodigieux, elle vient de remporter trois Félix au dernier Gala de l’ADISQ, et elle tourne jusqu’en Europe.
Mi-trentaine, Alexandra Sréliski parait épuisée au bout du fil. Depuis une semaine, on se l’arrache dans les médias. Elle vient de gagner trois trophées : Meilleur album instrumental, Révélation de l’année et Autrice ou compositrice de l’année. Elle a confié qu’Inscape provient d’une période de dépression : « Inscape, ça veut dire en anglais inner landscape : le paysage intérieur. C’est aussi le point unique à l’intérieur de chaque individu, à chacun sa philosophie. Je l’ai fait à une période de plein burn-out, j’ai lâché ma job, je n’étais plus capable d’avancer. Je me suis remise en question, je me suis séparée, j’ai déménagé. Mais j’ai enregistré le disque après mon épisode de dépression, quand j’ai commencé à aller mieux, sinon il aurait été un peu trop sombre. »
Née d’un père français et d’une mère québécoise, Alexandra a fait son primaire à Paris : « Là-bas, j’ai demandé à mes parents d’apprendre un instrument. Mon père était très ami avec le compositeur François Dompierre et il nous avait recommandé le piano, car c’est un instrument super complet, qui permet d’avoir un langage pour aller vers autre chose. »
Elle ne s’en est pas privée. Revenue vivre au Québec à onze ans, elle poursuit ses études jusqu’à l’université où elle explore la littérature, le cinéma, la psycho, le service social. Parallèlement, elle apprend la théorie musicale. « En sortant de l’université, j’ai fait de la musique de pub, mais pas à temps plein. Entre guillemets, j’ai fait une première écœurantite de pub ! Et j’ai sorti mon premier disque, Pianoscope, en 2010. D’abord sur Internet, gratuitement, puis je l’ai mis en vente, et des gens de partout dans le monde me commandaient le cd ! C’était régulier. » On commençait à parler d’elle, le succès venait. Ensuite, le cinéaste québécois Jean-Marc Vallée, exilé à Hollywood, s’est servi de la musique d’Alexandra pour son film Dallas Buyers Club (2013), puis Démolition et la télésérie Big Little Lies. Sa musique voyage maintenant partout sur la planète, grâce au streaming. Elle peut désormais s’y consacrer à temps plus que plein.
« Sur scène, c’est aussi un spectacle qui est visuel. C’est poétique et minimaliste. On a deux grands panneaux de tulle qui bougent, on y projette des vidéos. Il y a des jeux d’éclairage. On joue avec les illustrations qui sont sur ma pochette. » Elle est seule sur scène, mais elle parle au « on » tellement son équipe (éclairagiste, régisseuse, sonorisateur) est impliquée dans le projet. Elle joue quasiment intégralement ses deux courts opus. « Dans le spectacle, il y a des moments qui s’envolent un peu, qui sont libres… Mais l’ordre des morceaux est pas mal toujours le même, c’est comme une pièce de théâtre, ça raconte une histoire. J’ai la liberté de changer, mais pas tant que ça non plus.
Si Mozart a composé une Petite musique de nuit, Alexandra Stréliski, elle, pianote une petite musique de vie, qui s’insinue chez l’auditeur, qui se propage loin, de plus en plus loin.
alexandrastreliski.com
Photo : Frédérique Ménard-Aubin
Cette entrevue a initialement été publiée dans l’édition de janvier 2020 du magazine l’Entracte.
Alexandra Stréliski
26 janvier 2020 à 16 h
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives
30, boulevard du Séminaire N.,
Saint-Jean-sur-Richelieu, QC
J3B 5J4
Du lundi au samedi de 10 h à 18 h.